Avec Hospi'Up, hôpitaux et start-up innovent main dans la main

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Publié le 09/12/2022
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Pour favoriser l'ancrage de solutions innovantes dans les hôpitaux, le fonds « recherche et innovation » de la FHF s'emploie à fluidifier les échanges entre les jeunes pousses et les établissements de santé. À la clé, une organisation plus performante des services et des outils qui facilitent l'exercice médical.
Les solutions digitales au service du parcours ambulatoire

Les solutions digitales au service du parcours ambulatoire
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Comment se repérer dans la jungle des innovations médicales ? Et comment accompagner les établissements dans les transformations utiles ? Pour favoriser la collaboration entre hôpitaux et start-up, le fonds « recherche et innovation » de la Fédération hospitalière de France (FHF) a lancé dès 2021 la plateforme « Hospi’Up ».

Depuis, 800 établissements naviguent sur cette plateforme qui recense 440 solutions innovantes et agrège quelque 5 000 partenaires – des start-up aux écoles de commerce. En surfant sur Hospi’Up, directions hospitalières, chefs de service ou direction informatique peuvent ainsi dénicher des pépites innovantes : outils de chirurgie augmentée, plateforme d’admission patient ou gestion informatisée des plannings de garde…

Fluidifier la procédure d'achat

D’ici à la fin de l’année, la FHF lancera une seconde version d’Hospi’Up axée cette fois sur les achats. « Nous avons développé un outil pour trouver la meilleure procédure d’achat, personnalisée en fonction du besoin de l’hôpital ou du coût de l’innovation », détaille Enguerrand Habran, directeur du fonds FHF. La plateforme est censée détecter automatiquement la solution d'achat la plus adaptée à l’hôpital. Mieux, Hospi’Up génère quasi automatiquement des contrats entre l’hôpital et la jeune pousse. Une soixantaine de contrats ont été réalisés grâce à cet outil.

Hospi’Up offre également un volet destiné aux start-up pour inciter à la mises en relation et au partenariat. « Quand l’hôpital de Charleville-Mézières fait un appel à projet, personne n’est au courant, sourit Enguerrand Habran. Notre outil va générer un site internet pour chaque appel à projet hospitalier et l’envoyer à toutes les start-up présentes dans la base de données ».

Chirurgie ambulatoire, charges administratives

Le fonds FHF espère lever les craintes que génère l’achat public. Une priorité pour Stéphane Pardoux, président de l'Agence nationale d'appui à la performance (Anap), pour qui « l’innovation à l’hôpital est centrale pour alléger le système de santé ». Il imagine par exemple des « innovations organisationnelles » capables de « répondre à l’augmentation de la demande de soins en soulageant la chaîne de production ». « Une logique de performance », assume Stéphane Pardoux, qui cite l’apport des technologies dans le développement de la chirurgie ambulatoire ou pour délester les équipes de charges administratives. 

Selon le président de l’Anap, le succès d’une innovation en milieu hospitalier tient à une recette simple. « Le fonctionnement d’un établissement est basé sur l’équilibre entre recettes d’activité et dépenses, une solution doit amener soit à diminuer les dépenses, soit à améliorer l’activité », avance-t-il. 

Le terrain avant tout

Diminuer les dépenses, c’est l’un des credo de Lifen. La société parisienne propose aux établissements de réduire leurs frais postaux et d’alléger le temps de secrétariat en programmant les envois de courrier patients, sans passer par La Poste. Côté médecins, une appli permet de mutualiser les envois – comptes rendus médicaux par exemple – en simultané sur tous les canaux (MSSanté, Apicrypt, adresse postale, boîte mail).

Pour Franck Le Ouay, patron de Lifen, qui a passé une partie de sa carrière dans le marketing digital, la clé est de « construire les solutions main dans la main avec les médecins ». « Tant que l’on ne va pas dans le service, on ne se rend pas compte des contraintes », indique l’entrepreneur. Par exemple, « si l'outil est utilisé dans le cadre de soins courants et que le médecin doit se lever pour l’utiliser pendant la consultation, il ne le fera pas ou s’il doit créer une fiche patient à chaque fois, il ne l‘utilisera pas non plus ».

Une approche « terrain » que revendique également Sébastien Duré, cofondateur de Hoppen. « Nous construisons nos modules en impliquant les usagers finaux pour lever les points de douleur initiaux et les freins d’usage », indique le directeur général de l’entreprise qui fixe comme axe prioritaire de « libérer du temps soignant » et « fluidifier le parcours patient ». Ce partenaire du fonds FHF propose par exemple aux hôpitaux un outil de géolocalisation et de suivi en temps réel des patients dans l’établissement. Baptisé « Ambu-track », il promet à l’équipe soignante de gagner une heure par jour – et à la direction d'augmenter de 20 % son flux patient – en optimisant le parcours ambulatoire.

« Management d’innovation »

Fort de ses milliers de partenaires, Hospi’up entend populariser les nouveautés mais aussi faire tomber certaines barrières. « Au départ, toute innovation sera vue comme une douleur », souligne Sébastien Duré. « Quand on innove, on déconstruit avant de reconstruire, ça peut déstabiliser les équipes au début », abonde Franck Le Ouay.

Aussi, le fonds FHF pousse pour la mise en place d'un réel « management d’innovation » dans les hôpitaux, grâce à la création de pôles/directions de l’innovation, comme c’est le cas à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris ou au CHU de Brest. L’Anap entend de son côté « susciter l’innovation au sein même des services, dans des démarches collaboratives », indique Stéphane Pardoux, qui espère faire émerger de véritables « pépites » locales. 

Léa Galanopoulo

Source : Le Quotidien du médecin