À quoi ont servi les URPS ?

En Nouvelle-Aquitaine, une plateforme de télémédecine conçue par et pour les libéraux

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Publié le 02/04/2021
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« Le Quotidien » poursuit son tour de France des URPS en présentant des projets régionaux emblématiques. Zoom sur la Nouvelle-Aquitaine, où fait recette une solution de télémédecine « de proximité et solidaire », imaginée et développée par la profession.

Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Face aux opérateurs nationaux de télémédecine qui lèvent des fonds à coups de millions d’euros, l’URPS médecins libéraux de Nouvelle-Aquitaine a pris le contrepied. Elle a entièrement conçu et développé la plateforme monmedecin.org, qui se déploie à grande échelle dans la région depuis 2020, à la faveur de l’avenant sur la télémédecine et de la crise du Covid.

« Notre volonté était de doter les médecins libéraux de la région d’une solution alternative, faite par eux et pour eux, basée sur l’accès aux soins, la coordination et pouvant s’intégrer aux CPTS du territoire, explique le Dr Philippe Arramon-Tucoo, président de l’URPS ML. Cela a représenté un travail intensif et c’est notre plus gros investissement sur la dernière mandature. »

Plusieurs modules

Au départ tourné vers la seule téléconsultation, la solution se décline désormais en plusieurs modules pour le praticien utilisateur : la téléconsultation, sans prise de rendez-vous ou programmée, avec paiement sécurisé en ligne possible ; la télé-expertise ; les « e-RCP », permettant d’inclure à distance le médecin traitant dans les réunions de concertation pluridisciplinaire concernant ses patients ; et la prise de rendez-vous en ligne, incluant l’agenda partagé des CPTS pour les soins non programmés. Le praticien peut également échanger des documents avec son patient avant ou pendant la téléconsultation.

Interopérable avec les logiciels du cabinet, la plateforme s’articule avec l’outil régional numérique de coordination « Paaco-Globule », qui favorise le partage d’informations entre professionnels du secteur médical, médico-social et social.

Un millier de médecins dans la boucle

Au départ proposé gratuitement, monmedecin.org fonctionne désormais sur abonnement avec trois formules possibles – à 30 euros (environ 200 téléconsultations par an), 60 euros (1 000 téléconsultations à l’année) ou 110 euros (illimité) par mois. Des tarifs à prix coûtant et « deux à trois fois moins chers » que ceux proposés par les opérateurs nationaux, avec la même qualité d’image, souligne le Dr Arramon-Tucoo. Quant aux données de santé, elles restent dans le giron de la plateforme maison et ne sont ni revendues ni utilisées à d’autres fins, assure le radiologue bayonnais.

Depuis le lancement de la plateforme, un millier de médecins – dont une large majorité de généralistes – l’ont utilisée dans la région et réalisé quelque 50 000 téléconsultations. Le Dr Jean-Luc Delabant, généraliste à Bordeaux, est l’un d’entre eux. Il salue un outil « simple et éthique » qui colle aux exigences du terrain car « pensé et géré par la profession plutôt que par des start-up avides ». « Pendant la crise Covid, cela nous a rendu des services énormes grâce à la téléconsultation immédiate, témoigne l’élu au bureau de l’URPS ML. Cela nous a permis de continuer les consultations à distance pour les soins non programmés. Par exemple, une patiente qui appelait pour une cystite, il suffisait de lui envoyer un SMS, elle recevait un lien sur son smartphone et la téléconsultation démarrait, me permettant d’évaluer la situation. »

À l’heure où va s’ouvrir une nouvelle mandature, l’URPS Nouvelle-Aquitaine ambitionne de diffuser sa solution numérique le plus largement possible et souhaite développer l’usage régional de la télé-expertise, pour l’instant limité. « Nous sommes en train de préparer des cas d’usage de la télé-expertise pour les différentes spécialités médicales, afin de booster les recours », confie le Dr Philippe Arramon-Tucoo. Autres objectifs : l’ouverture à d’autres professionnels de santé – notamment les infirmiers ou les kinés – voire le déploiement à d’autres régions.

Marie Foult

Source : Le Quotidien du médecin