Stephen Hawking, le long défi contre la maladie

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Publié le 14/03/2018
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Crédit photo : AFP

« Le Pr Hawking a atteint le ciel et touché le paradis. » Stephen Hawking est décédé ce mercredi 13 mars, à l'âge de 76 ans. Lorsque Peter Diamandis, alors directeur de la société de tourisme spatial Zero Gravity, lançait cette phrase, le célèbre astrophysicien n'avait que 65 ans et souffrait depuis 40 ans d'une sclérose latérale amyotrophique ou maladie de Charcot.

« Espace, je suis là », s'était écrié, plus pragmatique, ce spécialiste du temps qui venait de réaliser un de ses rêves : une première expérience de 4 minutes d'apesanteur à bord d'un Boeing 727-200 modifié. Le défi était de taille comme tous ceux que son handicap l'a amené à relever.

La recherche malgré la maladie

« Mes espoirs ont été réduits à zéro quand j'avais 21 ans. Tout ce qui est arrivé depuis n'est que du bonus », disait-il. C'est en effet, à cet âge, alors qu'il étudie la cosmologie et la relativité à Cambridge que sa maladie est diagnostiquée. Les médecins ne lui donnent que quelques années à vivre. Paralysé, se déplaçant en fauteuil, ne s’exprimant qu’à travers la voix synthétique de son ordinateur, il parvient à mener une brillante carrière de scientifique, ses pairs le comparant même à Newton ou à Einstein. En 1974, il devint, à l'âge de 32 ans, l'un des plus jeunes membres de la Royal Society, la plus prestigieuse institution scientifique de Grande-Bretagne.

Lui qui se plaisait à rappeler qu'il était né un 8 janvier, le jour de la mort de Galilée, sera mort un 14 mars, jour de la naissance d'Albert Einstein.

Un talent de vulgarisateur

Scientifique de renom, il a su aussi montrer des talents de vulgarisateur avec son livre « Une brève histoire du temps : du big bang aux trous noirs » (1988) ou encore ses apparitions dans des séries, comme Star Trek, The Big Bang Theory et The Simpsons. Le film, « Une merveilleuse histoire du temps », relatant son combat contre la maladie, sera récompensé aux Oscars et aux Golden Globes en 2015.

Il n'hésitait pas non plus à s'engager et à participer aux débats de société faisant parfois preuve d'un certain pessimisme. « La vie sur Terre est de plus en plus menacée de destruction. Avec des désastres comme le réchauffement climatique, la guerre nucléaire, un nouveau virus génétiquement créé par des humains et quantité d'autres dangers », a-t-il pu déclarer. Et ce n'est pas l'intelligence artificielle qui, selon lui, apportera une réponse. « Les formes primitives d’intelligence artificielle que nous avons déjà se sont montrées très utiles. Mais je pense que le développement d’une intelligence artificielle complète pourrait mettre fin à la race humaine », affirmait-il.

Handicap et droit à l'euthanasie

Stephen Hawking saluait en revanche la publication par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Banque mondiale du premier rapport sur le handicap, succédant à la Convention relative aux droits des personnes handicapées adoptée par les Nations unies. « J’ai l'espoir qu’avec la Convention relative aux droits des personnes handicapées et, désormais, la publication du Rapport mondial sur le handicap, ce siècle marquera un tournant pour l’inclusion des personnes handicapées dans la vie de nos sociétés », se réjouissait-il avant de rappeler : « Pendant pratiquement toute ma vie d’adulte, j’ai souffert d’une maladie du motoneurone. Pourtant, cela ne m’a pas empêché de mener une carrière de premier plan en astrophysique et une vie de famille heureuse. »

En 2013, à 71 ans, il se prononçait en faveur d'un droit à l'euthanasie. « Je pense que ceux qui sont atteints d’une maladie au stade terminal et souffrent énormément devraient avoir le droit de choisir de mettre fin à leurs jours et que ceux qui les aident devraient être exemptés de poursuites », déclarait-il. Il y mettait cependant des conditions : « Il doit y avoir des garanties pour s’assurer que la personne concernée veut véritablement mettre un terme à sa vie, et qu’elle n’est pas mise sous pression pour le faire. »

Dans un communiqué publié par l'agence britannique Press Association, Lucy, Robert et Tim, ses 3 enfants ont annoncé la mort de leur père en rappelant que celui qui visait à une « compréhension totale de l'univers » avait aussi déclaré un jour que « cet Univers ne serait pas grand-chose s'il n'abritait pas les gens qu'on aime ».


Source : lequotidiendumedecin.fr