Les industriels du générique veulent inciter davantage les prescripteurs

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Publié le 30/03/2022

Crédit photo : Phanie

Alors que neuf Français sur dix adhèrent aux médicaments génériques lorsqu'on les leur propose (selon un sondage Opinionway pour l'association Gemme qui regroupe une vingtaine laboratoires du secteur présents sur le sol français), ces produits ne représentent que 41 % des médicaments remboursables (en volume) dans l'Hexagone contre plus de 75 % au Royaume-Uni, en Allemagne ou aux Pays-Bas. En termes de volume (soit un milliard de boîtes), cela reste « près de 1,6 fois inférieur à la moyenne des pays de l'OCDE et cela occasionne une perte de 1,2 milliard d'euros pour le système de santé », déplore Stéphane Joly, président du Gemme.

Le même constat concerne les biosimilaires où le taux de pénétration dépasse certes « 70 % à l'hôpital » mais « seulement 25 % en ville », très loin de l'objectif des 80 % défini dans le cadre de la stratégie nationale de santé 2018-2022. Selon le Gemme, citant la Cour des comptes, « un recours plus large des biosimilaires permettrait à l'Assurance-maladie d'économiser plus de 680 millions d'euros ».

Dans ce contexte, les industriels du générique appellent de leurs vœux « une nouvelle dynamique pour le début du quinquennat ». À cet effet, le Gemme avance plusieurs propositions permettant de libérer un « potentiel d’au moins deux milliards d’euros d’économies annuelles supplémentaires pour le système de santé »

Travail remarquable… des pharmaciens

Outre l'« élargissement » souhaité du répertoire, une piste consisterait à instaurer de nouvelles incitations plus fortes et directes pour les médecins prescripteurs afin d'augmenter leur taux d'utilisation des génériques et biosimilaires. « Les pharmaciens ont fait un travail remarquable, explique Sébastien Michel, vice-président des affaires publiques du Gemme. On a taux de substitution à l'officine qui dépasse 85 % et ce sera difficile d'aller jusqu'à 90 %. Le travail doit se faire du côté des prescripteurs. »

Après les incitations via la rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp), l'un des leviers serait d'agir sur « le tarif des consultations » – pourquoi pas avec un honoraire spécifique – pour les médecins qui se mobilisent davantage dans le recours aux génériques. L'objectif serait de passer de « 48 % à 65 % » des prescriptions des médicaments inscrits dans le répertoire et de 25 à 80 % pour les biosimilaires en ville. « Il s'agirait de valoriser les médecins qui font le choix d'avoir une politique de prescription respectueuse de l'équilibre des dépenses de l'Assurance-maladie, avance Sébastien Michel. C'est un système gagnant-gagnant. » 

Obligation de DCI, serpent de mer

Autre proposition du Gemme : rendre enfin effective l'obligation de prescrire en dénomination commune internationale (DCI). Cette obligation introduite depuis 2015 est « inégalement mise en application », se désole le Gemme, qui souhaite « franchir un nouveau cap via les logiciels d'aide à la prescription (LAP) »

Déjà, l'avenant 9 à la convention prévoit un dispositif d'intéressement pour les médecins libéraux, basé sur les économies en année pleine grâce aux biosimilaires. Par ailleurs, la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2022 consacre le droit de substitution biosimilaire du pharmacien. Mais « ce dispositif ne concerne que deux molécules », regrette le Gemme, qui appelle à élargir cette liste.


Source : lequotidiendumedecin.fr