Production, recherche, innovation : l'État relance les travaux avec l'industrie pharmaceutique à la faveur du CSIS

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Publié le 11/02/2021
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Crédit photo : S.Toubon

Réuni pour la dernière fois en 2018, le Conseil stratégique des industries de la santé (CSIS) vient d'être relancé par trois ministères (Santé, Enseignement supérieur/Recherche et Bercy). La tenue de cette instance de dialogue purement consultative entre l'État et les industriels de la filière (médicaments, technologies et dispositifs médicaux) tombe à point nommé avec la pandémie de Covid-19. Ce conseil ne peut pas être un « exercice classique » mais forcément « inédit », assure-t-on au ministère de la Santé.

Alors que la crise sanitaire a révélé les faiblesses de la France en matière de recherche, de production de vaccins ou d'accès aux innovations, les travaux de cette neuvième édition – jusqu'en juin – doivent permettre de changer de braquet. Pour reconquérir une souveraineté en santé, cinq axes stratégiques ont été fixés : assurer une recherche fondamentale interdisciplinaire ; sécuriser l'innovation ; améliorer l'accès aux médicaments innovants ; soutenir l'industrialisation des produits dans le prolongement de l'objectif de relocalisation des sites de production ; et développer la formation initiale. 

Cinq personnalités

Les concertations seront menées par cinq personnalités qualifiées d'univers différents : Agnès Audier (ingénieur des Mines et spécialiste des enjeux de transformation digitale), Muriel Dahan (pharmacienne, inspectrice à l'IGAS), le Pr José-Alain Sahel (ophtalmologiste, directeur de l’IHU FOReSIGHT,), Lyse Santoro (normalienne, docteur en immunologie) et le Pr Jean-Charles Soria (oncologue, enseignant à l'Université Paris-Saclay et directeur général de Gustave-Roussy).

Le gouvernement attend des solutions permettant notamment d'améliorer les liens entre recherche fondamentale et recherche clinique et de développer l'interdisciplinarité des formations. « Il est très important que les soignants soient formés aux outils numériques. Avec le développement des dispositifs médicaux connectés notamment, les patients seront pris en charge à distance », explique-t-on au cabinet de Frédérique Vidal.

Sur le plan industriel, l'objectif sera de favoriser et de catalyser la production des médicaments innovants en France et de stimuler les biotechs. Le développement de la bioproduction devrait être un axe prioritaire. Il convient d'améliorer l’accès au financement « y compris durant les phases risquées et à forte intensité capitalistique » 

Pas de porte fermée !

Les propositions sont attendues fin juin. En attendant, le ministère de la Santé estime que le CSIS 2018 a été « une réussite ». Selon l'exécutif, 90 % des mesures annoncées auraient été mises en œuvre dont la réduction des délais d'accès au marché, la création du Health data hub ou la refonte des dispositifs d’accès précoce à l’innovation (ATU et RTU), une demande forte des industriels.

La réforme de l'évaluation des médicaments reste néanmoins inachevée. Les travaux sur la révision des critères d'évaluation avec la mise en place d'un indicateur unique (VTR, valeur thérapeutique relative) et un taux de remboursement unique n'ont pas abouti. « On ne donne aucune limite aux personnalités qualifiées, affirme le cabinet d'Olivier Véran. Si elles font le constat que le critère d'évaluation met un obstacle à l'innovation, on ne ferme la porte à aucune réforme. »


Source : lequotidiendumedecin.fr