Médecins dans la bataille des municipales

À Aubervilliers, le Dr Pigement en campagne pour faire gagner le « rose »

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Publié le 23/06/2020
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Incertain, le second tour des municipales à Aubervilliers (93) voit trois listes s'affronter avec des praticiens mobilisés dans chaque camp. En position éligible, le Dr Claude Pigement, ex-monsieur santé du Parti socialiste, veut croire que ce bastion communiste basculera...
Le Dr Pigement (au milieu) et son équipe de campagne

Le Dr Pigement (au milieu) et son équipe de campagne
Crédit photo : Marie Foult

Comme en 2014, Aubervilliers est le théâtre d'une triangulaire au second tour des municipales. Dans cette ville de Seine-Saint-Denis emblématique de la banlieue rouge, un médecin est en position éligible sur chaque liste. Parmi eux, le Dr Claude Pigement, ex-responsable santé du PS et qui fut conseiller politique du seul maire socialiste à avoir dirigé Aubervilliers – Jacques Salvator de 2008 à 2014 – veut croire à la victoire.

Ce jeudi matin, sur une artère du marché local, le gastro-entérologue salue des visages familiers, qui reconnaissent le médecin de la clinique de la Roseraie. En 25e position, le Dr Pigement sera élu au conseil municipal si la majorité des voix est atteinte par la liste de gauche conduite par Sofienne Karroumi. Ce trentenaire a l'avantage sur le papier : après avoir récolté 19 % des suffrages au premier tour avec sa liste citoyenne, il s'est allié avec le dissident communiste Jean-Jacques Karman (7,4 % des voix) et le candidat socialiste Marc Guerrien (13 %), misant sur sa « complémentarité » entre « héritage et renouveau citoyen ».

Après la crise sanitaire des derniers mois qui a frappé durement la Seine-Saint-Denis, les sujets de santé et de lutte contre la désertification médicale sont portés haut et fort. « Il y a encore une cinquantaine de généralistes sur la commune, mais beaucoup vont partir à la retraite et auront du mal à être remplacés, explique le Dr Pigement, 75 ans, par ailleurs ardent défenseur du tiers payant. Il faut accompagner les jeunes qui veulent s'installer, par exemple en proposant des loyers modérés en rez-de-chaussée ». La liste souhaite déployer des antennes du centre municipal de santé dans les quartiers de la ville – une des plus pauvres de France – mais aussi développer une maison de santé et renforcer la politique de prévention sanitaire sur le diabète, l'alcoolisme, la malnutrition, l'obésité ou la toxicomanie, par le biais de contrats locaux de santé.

Coup à jouer

Les pronostics sont très ouverts dans cette triangulaire. « Sur le papier, nous avons l'avantage puisque nous cumulons 39 % des voix », évalue le Dr Pigement, qui rêve de voir cette ville (dirigée pendant 20 ans par l'ex-ministre communiste de la Santé Jack Ralite de 1984 à 2003) basculer à nouveau du rouge au « rose ».

La très forte abstention (67 % au premier tour) pourrait rebattre les cartes, comme les incertains reports de voix. La maire sortante communiste Meriem Derkaoui (17 % seulement au premier tour, en troisième position) a annoncé in extremis un pacte avec la liste citoyenne du Dr Zishan Butt, médecin urgentiste à Bondy, quatrième avec 15,8 %. 

Quant à Karine Franclet, la candidate centriste soutenue par LR et LREM, en tête avec 25,7 % des voix, elle avait obtenu le ralliement du Dr Thierry Augy, un autre médecin tête de liste aux trois dernières élections municipales. « Nous avons un coup à jouer après l'abstention du premier tour, sûrement à cause de la peur du virus, confie le Dr Augy, 69 ans, médecin de famille pendant 40 ans à Aubervilliers, désormais en cumul emploi retraite. J'espère que les habitants qui veulent du changement vont se mobiliser pour notre candidate qui est une bosseuse ». Après 70 années de communisme et une parenthèse socialiste, il juge urgent de « changer l'équipe municipale ».

Marie Foult

Source : Le Quotidien du médecin