Déserts médicaux : les contrats d'engagements de service public ne font pas du tout le plein chez les futurs médecins

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Publié le 31/08/2022

Crédit photo : GARO/PHANIE

C'est un outil déjà ancien et qui semblait prometteur pour tenter de remédier à la progression inexorable des déserts médicaux. Malheureusement, les contrats d'engagement de service public (CESP) inventés par la loi Bachelot de 2009 se traduisent, douze ans plus tard, par un résultat en demi-teinte, selon le bilan réalisé par le centre national de gestion (CNG) cet été.

L'idée de départ était pourtant séduisante. Elle part du postulat qu'un jeune médecin, fraîchement diplômé, est naturellement enclin à s'installer dans la région où il a fait ses études et, de fait, noué des relations professionnelles et personnelles. Ainsi, ces contrats proposent toujours aux étudiants en médecine de deuxième et troisième cycle une bourse – d'un montant mensuel brut de 1 200 euros – en contrepartie de laquelle le signataire s'engage à exercer, par la suite, son activité dans un ou plusieurs lieux proposés par l'agence régionale de santé (ARS) dans des zones « où la continuité des soins fait défaut ». Cet engagement dure autant de temps que celui durant lequel l'allocation lui a été versée.

5 432 bourses offertes aux médecins depuis le début

Au total, entre les campagnes 2010-2011 et 2020-2021, 5 432 CESP ont été offerts en médecine. Certes, « entre la première et la dernière campagne, le nombre annuel de postes offerts a progressé de plus de la moitié (59,5 %), avec une progression encore plus forte de ceux offerts au statut étudiant (+67 %) versus le statut interne (+52 %) » précise le CNG.

Après avoir enregistré une croissance continue, passant de 199 candidats sélectionnés (en médecine) en 2010-2011 à 452 candidats en 2017-2018, le nombre de candidats diminue sensiblement pour chuter à 309 en 2020-2021. Depuis un décret de mars 2020, « le fait d’ouvrir le CESP aux étudiants de deuxième et troisième cycles des études médicales et odontologiques, et non plus à l’issue des épreuves de fin de première année peut en être la cause principale », avance le CNG.

In fine, au terme de la procédure, après un nombre maximal de contrats effectivement signés en médecine en 2017-2018 (418) la tendance à la baisse s’est confirmée par la suite. La campagne 2020-2021 se limite à 272 CESP signés étudiants et internes confondus (-35 % entre les deux périodes). Pour les internes, la baisse du nombre de contrats signés s'est amorcée seulement 2019-2020. L'érosion des bourses qui se confirme lors de la dernière campagne est plus forte pour les étudiants de deuxième cycle que pour les internes.

Les jeunes ne se bousculent plus 

Mais il s'avère surtout que ce dispositif de bourses anti-déserts est désormais très loin de faire le plein. La part des CESP réellement signés par rapport aux contrats offerts est à peine de 42,6 % en 2020-2021, presque moitié moins que lors du pic de 2017-2018 où les étudiants de deuxième cycle notamment s'étaient, à l'époque, pressés au portillon (94,1 % des CESP offerts dans ce contingent avaient trouvé preneurs et 63,4 % chez les internes).

Sur la dernière campagne, l’Île-de-France et la Normandie enregistrent la plus forte proportion de contrats signés par rapport aux postes offerts (61,5 %), régions suivies de la Bourgogne Franche Comté (60,7 %). Les ratios les plus faibles s'observent en Guadeloupe (17,1 %), dans le Grand Est (27,6 %) et dans les régions Centre Val de Loire et PACA avec un tiers de CESP signés par rapport aux postes offerts.

Au 31 décembre dernier, la durée moyenne des contrats en cours était de 2,6 ans pour les étudiants en médecine de second cycle et de 4,4 ans pour les internes. Autant d'années durant lesquelles ces futurs médecins devront exercer dans une zone fragile. En tout état de cause, ce dispositif, à lui seul, ne permettra pas de renverser la vapeur puisqu'il concerne à peine un interne sur cent.


Source : lequotidiendumedecin.fr