Dr Bouet, président de l'Ordre : « Il faut un très grand ministère d'État pour s'occuper de la santé  »

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Publié le 09/05/2017
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Crédit photo : S. Toubon

LE QUOTIDIEN : Quel sentiment vous inspire l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République ?

Dr PATRICK BOUET : Les Français ont fait un choix et l'Ordre souhaite s'inscrire dans une dynamique de travail avec la future équipe gouvernementale. Certaines propositions du programme santé d'Emmanuel Macron ne sont pas éloignées de celles exprimées dans notre consultation nationale. Je citerais la place laissée aux initiatives des professionnels dans les territoires ou encore le rôle de l'assurance-maladie qu'il faut préserver dans le financement des soins.

Après les relations très difficiles entre les pouvoirs publics et les médecins lors du quinquennat précédent, renouer le dialogue est-il une impérieuse nécessité ?

La future équipe gouvernementale devra reprendre le contact et la concertation avec l'ensemble de la profession. Il n'y aura pas d'évolution de notre système de santé sans retour de la confiance entre le gouvernement et les acteurs de la santé.

Qu'attendez-vous du futur gouvernement ?

Nous réclamons depuis plusieurs mois un « Grenelle de la santé » afin de mettre sur la table les problèmes d'organisation du système de soins. Les médecins attendent que le gouvernement reconnaisse leur rôle fondamental dans le bien-être de la société et arrête de fracturer la profession : public contre privé, généralistes contre spécialistes, sages-femmes contre médecins... Il faut que cela cesse et que tous les acteurs puissent faire entendre leurs propositions ! 

Concrètement, quelles mesures prioritaires attendez-vous aujourd'hui ?

Il faut remettre sur la table une vraie réforme du système de santé, qui associe formation, vision territoriale, coopération entre les acteurs et reconnaissance du temps médical. Nous voulons sortir de la logique hyper-administrée de la loi de santé. Aujourd'hui, les médecins libéraux attendent une juste rémunération reconnaissant l'ensemble des rôles qu'ils accomplissent et que le gouvernement revienne sur le tiers payant généralisé.

Les personnels hospitaliers, eux, réclament davantage qu'une petite prime de nuit, ils veulent la reconnaissance du service public. Et les médecins du privé demandent aussi un signe fort pour reconnaître leur rôle dans le deuxième et troisième recours. Tous les professionnels de santé attendent du futur gouvernement des gestes qui montrent que le dialogue est réinstallé.

Le nouveau chef de l'État est entouré d'acteurs hospitaliers et d'anciens collaborateurs de Marisol Touraine. Cela vous inquiète ?

Nous ne sommes pas dans la défiance a priori. Qu'on recycle d'anciens acteurs politiques ou non, que l'on mette des hospitaliers, des universitaires ou des libéraux, l'important pour nous est de mettre des hommes et des femmes qui ont une volonté de dialogue.

Le ministère qui s'occupera de la santé demain doit être un très grand ministère d'État. Nous souhaiterions qu'il rassemble les Affaires sociales, la Santé, l'Environnement, l'Enseignement supérieur et la recherche, pour refondre le système de santé. Il ne faut pas qu'une seule vision du ministre s'impose, comme nous avons pu le voir dans les ministères précédents. La pluralité doit être respectée. Nous attendons des actes forts.


Source : lequotidiendumedecin.fr