À La Réunion, des retards mais une riposte efficace cet été

Publié le 01/10/2021
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Fin juillet, le préfet a imposé des mesures de freinage qui ont permis d'éviter une flambée épidémique ingérable.

Lorsque le premier confinement fut décrété au niveau national mi-mars 2020, La Réunion ne comptait que 14 cas de Covid-19… Mais pour certains déjà, l'anticipation a fait défaut. « Il aurait fallu prendre des mesures d'isolement de l'île avant l'apparition des premiers cas, avec des dépistages systématiques sur les entrants, mais on ne disposait pas de capacités de tests. Les médecins se sont battus pour la mise en place de quatorzaines et l'obligation des tests au départ et à l'arrivée. Cela a été instauré trop tard », raconte le Dr Christine Kowalczyk, présidente de l'URML océan Indien. 

Cet été, la puissance de la vague épidémique – le taux d’incidence a dépassé les 400 pour 100 000 habitants et le taux de positivité a atteint les 10 % – a conduit le préfet à imposer fin juillet des mesures drastiques de freinage : confinement partiel en semaine, limitation des rassemblements familiaux et des déplacements, couvre-feu (19h, puis repoussé à 21h et à 23h). Cette « mise sous cloche » partielle, respectée localement, a évité le risque d’une flambée épidémique à la rentrée. L'amélioration de la situation sanitaire a permis un desserrement des mesures restrictives dès le lundi 6 septembre.

Si plusieurs médecins réunionnais ont évoqué une perte de chance pour certains patients à cause de la déprogrammation de soins, l'ARS relativise. « Nous avons évalué les séjours en chirurgie depuis le début l’épidémie et constaté une diminution correspondant à une perte d’activité d’un peu plus d’un mois par rapport à la période équivalente avant l’épidémie, s’agissant de l’activité du CHU »

Comme d'autres territoires ultramarins, La Réunion reste pénalisée par un retard vaccinal alarmant, l'État peinant à convaincre sur ce terrain. Mi-septembre, 60 % de la population éligible possédait un schéma vaccinal complet. « Derrière ces chiffres, il faut identifier que plus de 200 000 personnes ne sont pas entrées dans le processus de vaccination alors qu’elles y sont éligibles », déplore Jacques Billant, le préfet de La Réunion. L'ARS a pourtant déployé des moyens importants – centres de vaccination, transports collectifs y compris dans les cirques isolés.

Pour le Dr Christine Kowalczyk (URML), la gestion de crise par l'exécutif aurait mérité davantage d'accompagnement et de souplesse. « On a perdu un temps fou à mettre à jour des protocoles qui changeaient tout le temps et il a fallu se battre pour être entendus ! Les mesures nationales ne sont pas toujours adaptées aux territoires ultramarins, qui n'ont ni les mêmes besoins, ni la même configuration. Il est grand temps aussi d'augmenter les effectifs médicaux dans les DOM, notamment dans les territoires les plus éloignés de la métropole, comme La Réunion ou Mayotte où nous manquons de lits. Et il faudrait tenir à jour les stocks d'Etat pour éviter le crash des masques moisis que nous avons connu. »

Mireille Legait

Source : Le Quotidien du médecin