« La révolution de la prévention »

Publié le 25/03/2022
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Dans son programme de campagne, Emmanuel Macron avait promis « la révolution de la prévention » et la lutte contre les inégalités sociales de santé. La stratégie nationale de santé (2018-2022) a donné le ton en mettant au premier plan « la promotion de la santé, dans tous les milieux et à tous les âges de la vie ». Cela s’est traduit par le plan interministériel « Priorité prévention » lancé en 2018. La lutte contre le tabagisme s’est durcie avec l’augmentation du prix du paquet de cigarette (10 euros en 2020), le remboursement des substituts nicotiniques sans plafond, le moi(s) sans tabac…

La vaccination obligatoire des nourrissons, héritage du quinquennat précédent sous la houlette de la ministre de la Santé Marisol Touraine, a été mise en place par Agnès Buzyn avec une entrée en vigueur le 1er janvier 2018. Avec la pandémie, la vaccination des soignants contre le Covid est devenue par ailleurs obligatoire depuis le 15 septembre 2021.

Encore pour la périnatalité et la petite enfance, le gouvernement Macron a mis en place la politique publique des « 1 000 jours », d’après la commission présidée par le Pr Boris Cyrulnik, neuropsychiatre : de la consultation préconceptionnelle (notamment la systématisation de la supplémentation en acide folique) au repérage des dépressions et troubles psychiques sévères parentaux en passant par l’interdiction en juillet 2019 des violences éducatives ordinaires (loi « anti-fessée »).

En santé sexuelle, tous les jeunes de moins de 26 ans peuvent bénéficier d'une consultation et de la contraception gratuite ; contre le VIH, le dépistage peut se faire sans ordonnance en laboratoire ou en pharmacie, la Prep peut être prescrite en ville.
Le programme de campagne prévoyait de lutter contre l’obésité et la sédentarité. Le gouvernement a soutenu l'étiquetage nutritionnel du NutriScore lancé par le quinquennat précédent avec une entrée en vigueur en octobre 2017. Et la feuille de route obésité 2019-2022 inscrit en tête de liste, parmi ses sept mesures phares, la mention systématique à chaque consultation du poids et de la taille dans le dossier médical partagé et ce dès le plus jeune âge. Le sport sur ordonnance a été ouvert au remboursement au-delà des personnes en ALD début mars 2022 (maladies chroniques, facteurs de risque, situations de perte d’autonomie).

Dans la stratégie décennale contre le cancer lancée par le président de la République lui-même en février 2021, le premier des quatre axes stratégiques porte sur la prévention, primaire et secondaire. La lutte contre le tabagisme est inscrite en priorité absolue : les acteurs étant d’ores et déjà mobilisés pour une première génération sans tabac en 2032, « l’objectif de la stratégie décennale est celui, à terme, d’une société sans tabac ».

Mais le poids des lobbies freine encore le déploiement d’une politique de prévention. Pour l’alcool, second facteur de risque évitable de cancer, le Dry January n’a pas reçu le soutien gouvernemental. Une position largement critiquée par la Ligue contre le cancer et les addictologues qui pointent le poids des alcooliers.
Le NutriScore a subi un coup de canif par le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie, qui a appelé à en « revoir la méthodologie », pour défendre les fromages AOP. Quant à l’interdiction des nitrites dans la charcuterie, défendue par la Ligue contre le cancer, la mise en place est reportée à la publication d’une expertise de l’Anses, malgré le soutien du Parlement. 


Source : Le Quotidien du médecin