Un jeune urgentiste candidat en Charente

Le Dr Thomas Mesnier en marche vers l'Assemblée

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Publié le 08/06/2017
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Thomas Mesnier dans son QG

Thomas Mesnier dans son QG
Crédit photo : S. MARTOS

Trentenaire, lunettes rondes, barbe de deux jours, issu de la société civile, le Dr Thomas Mesnier incarne le renouvellement politique souhaité par Emmanuel Macron. Investi par la République en Marche ! (LREM), le candidat a troqué sa blouse d'urgentiste contre un jean et une veste de costume pour battre la campagne. Sa première. Le challenge est de taille : 14 candidats sont en lice pour obtenir le siège de député tant convoité dans cette circonscription de Charente. Engagé en politique il y a tout juste un an, le référent départemental d'En Marche !, doit renverser la vapeur dans un territoire historiquement à gauche et convaincre 85 000 électeurs.

Le candidat entame sa 4e semaine de campagne et jongle en parallèle avec son exercice de praticien hospitalier (PH) aux urgences de l'hôpital. Le rythme est intense. « J'ai reçu l'aval de la direction et le soutien de mes confrères », explique-t-il, sans cacher que l'organisation relève parfois du parcours du combattant.

Le médecin n'a pas hésité à s'exposer sur le terrain. Ce 1er juin, il est le seul avec le candidat FN Geoffray Gourré à avoir répondu à l'invitation de Patrick Mounier, membre de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) dans une exploitation de 400 hectares à Ruelle-sur-Touvre. Cette rencontre a un goût de second tour présidentiel, la hargne du débat de l'entre-deux tours en moins. Après plusieurs années d'engagement à l'ANEMF et au syndicat d'internes de Poitiers (CRP-IMG), le Dr Mesnier semble à l'aise et s'exprime aisément sur la retraite, la politique agricole commune, la hausse des charges etc. Le jeune médecin n'hésite cependant pas à reconnaître sa méconnaissance sur le dossier de la ressource en eau. « Ce n'est pas le sujet que je connais le mieux mais je suis sensibilisé. On ne peut pas tout savoir », admet-il.

Acquérir de la notoriété en peu de temps

Deux heures plus tard, le Dr Mesnier organise une conférence de presse dans son QG de campagne au cœur du centre-ville, dont la porte est toujours grande ouverte. À l’intérieur, des post-it collés au mur témoignent des « brainstormings » de son équipe. Les gens peuvent passer, déposer un mot sur le tableau, dessiner ou poser leurs questions. Le Dr Mesnier trouve sa campagne « dynamique » et « humainement extraordinaire » mais reste lucide. « Je suis conscient d'être un inconnu », confie-t-il. Les 10 premiers jours après s'être lancé, le Dr Mesnier les a passés à concocter affiches et tracts, à commander les bulletins de vote etc. « Voir mon visage sur une affiche, ce n'est pas naturel », avoue-t-il.

Dans ce scrutin, le médecin est opposé à une figure locale : la députée sortante Martine Pinville, ex-secrétaire d'État socialiste sous Hollande, chargée du Commerce, de l'Artisanat, de la Consommation et de l'Économie sociale et solidaire. La candidate n'a pas apposé le logo PS sur son affiche de campagne mais elle se réclame de la majorité présidentielle. Le candidat d'Emmanuel Macron y voit un manque d'honnêteté. « Elle joue sur l'ambiguïté. Le candidat local représentant la majorité présidentielle, c'est moi », insiste l'urgentiste, qui a apprécié la visite de soutien de la nouvelle ministre de la Santé, Agnès Buzyn.

Le porte-à-porte,« là où on gagne l'élection » 

Le médecin a mené une campagne de terrain, enchaînant les visites au domicile des habitants comme ce mercredi après midi, à Voeuil-et-Giget, sous un soleil de plomb. « C'est en faisant du porte-à-porte qu'on gagne une élection, souligne-t-il. C'est là qu'on se fait connaître, qu'on répond aux questions, qu'on corrige les fausses informations. Le contact humain est primordial ». Il clôture sa journée avec un « café député » à Saint-Michel, un rendez-vous alternatif au discours public où il invite les habitants à venir discuter autour d'un verre.

À l’issue de l'élection, s'il est élu, le Dr Mesnier mettra entre parenthèses sa carrière hospitalière les cinq prochaines années. « Je vois ce mandat comme une mission citoyenne. Je retournerai à ma vie après », promet-il. Et d'ajouter : « Je ne me vois pas à l'hôpital dans 15 jours. Quand on est candidat, on y croit, c'est pour gagner. »

Sophie Martos

Source : Le Quotidien du médecin: 9587