Lutte contre les déserts médicaux, prévention et attractivité des métiers : chahutée, Élisabeth Borne fixe son cap santé devant les députés

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Publié le 06/07/2022

Crédit photo : S.Toubon

Devant un Parlement parfois survolté, Élisabeth Borne a détaillé durant une heure et demie sa feuille de route pour le quinquennat en fixant notamment ses priorités en matière de santé – de la prévention à la lutte contre les déserts médicaux.

Prenant acte du vote des Français lors des législatives, la Première ministre a assuré vouloir mener pour chaque sujet de réforme « une concertation dense ». Pour chaque projet, elle s'engage à « bâtir des compromis ambitieux sans compromission sur les valeurs, des solutions concrètes, des majorités de projets et d’idées ». Voilà pour la méthode.

Le pouvoir d'achat d'abord

Sur le programme, c'est sans grande surprise. Le pouvoir d'achat sera le premier texte examiné par les députés. Mais dans son discours de politique générale, Élisabeth Borne a aussi confirmé les engagements macroniens en faveur du plein-emploi, de la transition écologique ou de l'égalité des chances dont le droit à une « santé de qualité ».

Pour faire face à ce défi, le gouvernement compte activer tous les leviers en commençant par celui de la prévention. « Trop souvent, à tort, on résume la santé aux soins, a-t-elle expliquéLa prévention, ce sont des campagnes de santé publique, les dépistages et les bilans de santé aux moments clés de la vie. Mais bien au-delà, cela doit être une vision des politiques publiques ». Cela signifie, aux yeux de la Première ministre, d'agir sur la qualité de l’air, l’habitat, les conditions de vie ou les inégalités sociales. Ce défi, « l'État ne peut pas relever seul, reconnaît-elle. Nous travaillerons avec les élus, et en particulier les maires, qui sont nos partenaires privilégiés ».

Hommage aux soignants qui ont tenu

Élisabeth Borne souhaite ensuite « soutenir » les soignants dont « l'engagement exceptionnel » pendant la crise Covid a permis au pays de tenir. Rendant un hommage appuyé aux blouses blanches, la locataire de Matignon a tout de même fait valoir que des « revalorisations sans précédent » des rémunérations des soignants et des « moyens inédits pour l'hôpital » avaient été actés dans le Ségur de la santé. Pourtant, « tout n’est pas réglé – loin de là », a-t-elle assumé.

Après les mesures d’urgence « pour cet été » issues de la mission Braun – et retenues dans leur ensemble –, l’heure est maintenant aux solutions « structurantes ». De façon générale, la Première ministre a souhaité renforcer « l’attractivité des métiers », « la coopération entre les professionnels de santé ». Mais, plus original, elle a cité dans son discours de politique générale « l'allègement de la charge administrative pour permettre aux soignants de passer plus de temps auprès des patients ». Une façon d'affirmer qu'elle souhaite s'attaquer à la simplification de l'exercice et – peut-être – à la lutte contre la bureaucratie.  

Pour construire une offre de santé « adaptée » dans chaque territoire, Élisabeth Borne souhaite lancer, partout en France et dès septembre, « des concertations » avec un objectif clair : « lutter contre les déserts médicaux, par une meilleure coordination entre les acteurs, entre la ville et l’hôpital, entre le public et le privé ». « Je suis convaincue que les solutions viendront des professionnels, des élus, des patients et du terrain », affirme-t-elle, en écho à la nouvelle méthode promise par Macron.

Dans son discours, elle n'a pas précisé si la concertation des parties prenantes promise par Emmanuel Macron pour réformer en profondeur le système de santé commencerait dès juillet ou plutôt en septembre, dans le cadre de ces concertations évoquées.

Ehpad « hors les murs » 

Enfin, elle a jugé « révoltants » « les scandales récents » sur les Ehpad. « Nous avons renforcé les contrôles pour qu’ils ne puissent plus survenir. Nous devons maintenant inventer les établissements de demain, à la fois plus ouverts, plus humains et mieux médicalisés », a-t-elle résumé.

Elle a fixé là aussi la feuille de route : construire des liens plus forts entre établissements et domicile et créer des Ehpad hors les murs. « Nous devons aussi relever le défi de l’attractivité pour permettre le recrutement de 50 000 infirmiers et aides-soignants d’ici 2027 », a-t-elle précisé, confirmant une promesse déjà faite par Emmanuel Macron. 


Source : lequotidiendumedecin.fr