Macron promet des Assises de la psychiatrie avant l'été et approuve le remboursement des soins de psychologues en libéral

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Publié le 15/01/2021
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Crédit photo : PHANIE

Lors d'une visioconférence avec des pédopsychiatres, Emmanuel Macron a annoncé jeudi 14 janvier la tenue avant l'été d'« Assises de la psychiatrie et de la santé mentale », avec un volet dédié à l'enfance et à la pédopsychiatrie, deux secteurs particulièrement touchés par l'épidémie de Covid-19.

Le président de la République a « déjà approuvé le remboursement des soins de psychologues en libéral, notamment pour les enfants », rapporte l'AFP. Il s'agirait de généraliser un système déjà expérimenté depuis plus de deux ans dans quatre départements (Bouches-du-Rhône, Haute-Garonne, Landes, Morbihan).

Le chef de l'État a également exprimé son souhait de travailler sur la tarification de la psychiatrie et le renforcement de la médecine scolaire. Il prévoit aussi le lancement au printemps d'une enquête nationale sur la santé mentale des jeunes et des enfants conduite par Santé publique France (SPF).

Mobilisation de la spécialité

Au début du mois déjà, la troisième circulaire tarifaire pour les établissements de santé prévoyait 60 millions d'euros pour la psychiatrie dont un tiers dédié au financement de projets en pédopsychiatrie. Le reste est fléché vers la création de 160 postes de psychologues dans les centres médico-psychologiques (CMP) et le développement des équipes mobiles de psychiatrie précarité (EMPP).

Lors du dernier budget de la Sécurité sociale, le gouvernement avait acté, en raison de l'épidémie, le report d'un an de la réforme du financement de la psychiatrie initialement attendue pour janvier 2021. Ce mercredi, les psychiatres de l'hôpital public enclenchaient un mouvement de grève pour réclamer des moyens « substantiels et immédiats » pour « faire face à la situation désastreuse » du secteur.

Bombe à retardement

Cette annonce intervient quelques semaines après l'alerte lancée par les psychiatres Rachel Bocher, Marion Leboyer, Serge Hefez et Marie-Rose Moro et la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury. Dans un communiqué commun, ils mettaient en garde contre « la troisième vague psychiatrique ». La crise sanitaire et les situations de confinement ont conduit à une augmentation de 50 à 100 % (par rapport à 2019) des hospitalisations pour troubles de l'humeur, troubles alimentaires ou comportements anxieux. « On craint un tsunami et les jeunes sont une bombe à retardement », s'alarme le Dr Rachel Bocher qui pointe la frange des 15-25 ans. « Le confinement et la précarité lors de la fin de l'adolescence peuvent causer des vulnérabilités durables », avance-t-elle.

La cheffe du service de psychiatrie du CHU de Nantes se félicite de l'annonce du président de la République. « Il ne faut pas que ce soient des Assises pour rien », met-elle en garde. La présidente de l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH) attend un « plan d'action concret, financé, avec une vraie ambition politique ». « Le temps presse, prévient la psychiatre. Il faut que cela débouche sur une loi-cadre avant juillet 2021 ! »


Source : lequotidiendumedecin.fr