Pr Philippe Juvin : « Candidat des services publics »

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Publié le 03/12/2021
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À rebours de tous ses concurrents à droite, le chef des urgences de l'hôpital européen Georges-Pompidou ne diminuera pas le nombre de fonctionnaires. Il propose un new deal avec la médecine libérale et promet de « faire disparaître » les déserts médicaux.

Crédit photo : AFP

Seul médecin dans la course à l'investiture LR, le Pr Philippe Juvin a beaucoup parlé de santé dans les débats télévisés, y compris quand ce n'était pas prévu, une façon déjà de se démarquer de ses rivaux. Et, ajoutent ses adversaires, de se positionner comme futur ministre de la Santé… Mais l'anesthésiste-réanimateur va plus loin en se revendiquant haut et fort comme « le candidat des services publics ». Pas question de diminuer le nombre de fonctionnaires ; en revanche l'ambitieux maire de La Garenne-Colombes propose de réorienter 200 000 postes administratifs vers des emplois au contact direct avec le terrain. Il veut « diviser par trois le nombre de temps pleins administratifs » à l'hôpital public « qui dégringole » pour les reployer vers des postes de soignants. 

Dans le même esprit, le président de la Fédération LR des Hauts-de-Seine promet de « décloisonner » la ville et l'hôpital, le privé et le public, en réorganisant les parcours de patients. « L'hôpital doit plutôt être le lieu des prises en charge aiguës et des diagnostics difficiles, et la ville celui de la prévention, de la coordination et du suivi des malades chroniques », résume l'ex-député européen. Il propose aussi de donner de la souplesse aux carrières en libérant le cumul d’activité public/privé.

À 57 ans, le PU-PH s'engage à « faire disparaître » les déserts médicaux en cinq ans. Pour y parvenir, il propose dès 2022 un new deal avec la médecine libérale, visant à regagner du temps médical. Comment ? En confiant « massivement » certaines tâches médicales simples, actes de prévention et de suivi de pathologies chroniques à d’autres professionnels de santé (infirmiers, kinés, orthoptistes…) ; en élargissant le recours à la télésanté ; ou encore en supprimant ou en digitalisant tous les actes administratifs qui peuvent l’être. Côté cursus, il veut carrément doubler le nombre de médecins formés et rendre obligatoires les stages en cabinet de ville « au moins deux mois par an, chaque année, de la 3e à la 6e année ». À plusieurs reprises, l'ex-conseiller santé de Nicolas Sarkozy a mis en avant sa volonté d'allonger d'un an l'internat de médecine générale et d'affecter ces futurs docteurs juniors « dans une maison de santé pluridisciplinaire ». « Je garantis que dès novembre prochain, il y aura deux généralistes par maison de santé », résume-t-il. 

100 % Sécu pour le médecin traitant

Afin de rendre plus accessibles les soins de premier recours, il propose deux mesures emblématiques : « la prise à charge à 100 % » des consultations de médecine générale avec le médecin traitant et « la création d'une complémentaire santé gérée par l’Assurance-maladie ». Une sorte de Grande Sécu ?

Celui qui a conquis sa notoriété médiatique pendant la crise sanitaire veut mettre fin à l'État centralisateur et transférer les agences régionales de santé (ARS) aux régions, option « plus efficace et moins coûteuse ». Côté gouvernance, il donnera une forte autonomie de gestion aux acteurs des hôpitaux publics « sur le modèle de CH de Valenciennes » (qu'il cite systématiquement). Il ambitionne au passage d'augmenter de 100 % nos capacités de réanimation.

Sur la dépendance enfin, « très loin d'être financée », il propose une cotisation de tous les salariés à un fonds de pension dépendance obligatoire, public ou privé au choix des cotisants, « par une cotisation salariale et patronale de 1 % des salaires brut par mois ».

L. T.

Source : Le Quotidien du médecin