Une question de taille

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Publié le 17/03/2023
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Combien y a-t-il d’infirmiers en activité actuellement en France ? La question, simple en apparence, appelle une réponse relativement complexe… voire fluctuante. Jugez plutôt : avant le mois de juillet dernier, si vous la posiez à la Drees, vous obteniez le chiffre impressionnant de 765 000 professionnels. Mais à l’été, une révision des données a infligé un sérieux coup de rabot aux effectifs estimés : 127 000 infirmiers se sont évaporés des statistiques, et les nouvelles estimations aboutissent à un total de 638 000 personnes. Les infirmiers restent, de loin, les professionnels de santé les plus nombreux, mais la cure d’amaigrissement représente tout de même une fonte de 17 %.

La question des effectifs infirmiers se complique encore si l’on s’intéresse non pas aux effectifs estimés par la Drees, mais à ceux qui sont inscrits à l’Ordre national des infirmiers (ONI). Depuis sa création en 2006, l’ONI bataille en effet pour l’inscription de l’ensemble des professionnels à son tableau. Cette inscription, en théorie obligatoire, a longtemps été contestée, et l’est encore notamment en milieu hospitalier. « Nous avons actuellement 495 000 inscrits, indique Patrick Chamboredon, le président de l’ONI. Nous avons quasiment tous les infirmiers libéraux et ceux des structures privées, mais nous travaillons encore sur les listes des établissements publics, ce qui devrait être réglé rapidement. »

Il manque donc environ 140 000 infirmiers sur les listes ordinales, ce qui n’a rien d’un détail. « Il faut que nous parvenions à 100 % d’inscrits, estime Patrick Chamboredon. Cela nous permettra d’avoir une vision claire du tableau, de l’activité, de la pyramide des âges, et donc de faire de la prospective. » Avec des statistiques incomplètes, nul n’est à l’abri de mauvaises surprises, avertit-il : que se passerait-il en effet si les 20 % de non-inscrits étaient en moyenne plus âgés que leurs confrères, et partaient tous à la retraite en même temps ? Question vertigineuse, dont on n’est pas sûr de vouloir connaître la réponse.


Source : Le Quotidien du médecin