Covid-19 : une première étude française évalue le potentiel de l’échographie aux urgences

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Publié le 14/05/2020
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Crédit photo : PHANIE

Quelle place peut prendre l’échographie thoracique dans le parcours des patients atteints de Covid-19 ? Alors que le scanner thoracique est l’outil privilégié pour le diagnostic et le suivi des lésions pulmonaires provoquées par le nouveau coronavirus, une étude française, publiée en ligne sur medrxiv (non revue par les pairs), a évalué le potentiel de l’échographie.

Menée dans trois services d'urgence de l’AP-HP auprès de 107 patients, inclus entre le 19 mars et le 1er avril, cette étude a permis d’évaluer la concordance des résultats obtenus après un scanner thoracique d’un côté et après une échographie thoracique réalisée après une courte évaluation clinique par deux urgentistes, un expert et un médecin nouvellement formé, aveugles l'un à l'autre.

Expert et novice ont des performances similaires

L’échographie pulmonaire consistait à marquer des lésions dans huit zones thoraciques de 0 à 3, définissant un score global de gravité (GS) allant de 0 à 24. Le score de gravité évalué par scanner thoracique (CT) variait de 0 à 3 selon l'étendue des signes de pneumonie interstitielle.

« Le GS a montré de bonnes performances pour évaluer la gravité CT de Covid-19, normale ou pathologique, avec une sensibilité de 95 % et une spécificité de 83 %, observent les auteurs. Des performances similaires ont été trouvées pour l'évaluation CT, entre normale ou minimale versus modérée ou sévère avec une sensibilité de 86 % et une spécificité de 78 %. » Des performances similaires ont par ailleurs été constatées entre l’évaluation par un expert et celle par un novice, formé en 1 heure (théorie de 30 minutes + pratique de 30 minutes).

Pour les auteurs, l’échographie pulmonaire « est un bon candidat pour le triage des patients, en particulier en cas de problèmes de disponibilité du scanner ». Cette conclusion est nuancée par le Pr Antoine Khalil, président de la Société d’imagerie thoracique, qui ne recommande pas le recours à l’échographie aux urgences.

Une exploration limitée

Il y voit deux limites, dont la première est d’ordre pratique. « Une première difficulté vient du contact entre le personnel et le patient potentiellement contaminé, lors de l’examen, et du nettoyage de l’appareil et de la sonde entre deux examens avec un risque de contamination des patients non infectés », souligne-t-il.

La seconde limite est d’ordre médical. « Un scanner permet une exploration globale, quand l’échographie ne montre que ce qui est à côté de la paroi. Il permet également de poser des diagnostics différentiels », rappelle le Pr Antoine Khalil.

L’utilisation de l’échographie est en revanche envisageable, selon lui, dans le parcours des patients dont le diagnostic est confirmé. « Si le patient a déjà un scanner, qu’il est dans une unité Covid, on peut envisager l’échographie à la recherche d’une complication comme un épanchement pleural liquidien, voire pour suivre l’évolution des lésions », précise-t-il.

De même, dans les pays où il n’y a pas d’accès au scanner, ce qui n’est pas le cas en France, « cette option peut être posée, en complément ou non d’une radiographie thoracique standard », estime le Pr Khalil.


Source : lequotidiendumedecin.fr