Un psychiatre américain sanctionné pour fraude scientifique

Par
Publié le 03/01/2020

Crédit photo : Phanie

L'agence américaine de l'intégrité scientifique (US Office of Research Integrity, ou ORI) a épinglé le Dr Alexander Neumeister, psychiatre et ancien chercheur auprès de l'école de médecine de l'université de New York (centre de médecine psychiatrique Langone), pour avoir fabriqué des données de toutes pièces dans le cadre de recherche disposant d'un financement fédéral.

Selon l'ORI, le Dr Neumeister aurait modifié les caractéristiques de plusieurs participants à ses études sur l'anorexie, la dépression et les troubles de syndrome post-traumatique. Il aurait notamment combiné les données de plusieurs patients (données toxicologiques, tests de grossesse, données psychiatriques…) dans le but de produire des résultats visant à obtenir l'obtention de financements fédéraux. Il est également accusé d'avoir fait usage de personnels non formés à la psychiatrie. Les travaux du Dr Neumeister portent sur l'association entre la biodisponibilité des récepteurs opiacés kappa et des récepteurs aux cannabinoïdes et la sévérité des symptômes dans le syndrome post-traumatique.

Le Dr Neumeister n'a pas contesté ces accusations et a accepté la sanction : 2 ans d'interdiction de prétendre à un financement fédéral et la rétractation des quatre publications* produites à partir de ses travaux, dont deux avaient été publiées dans le « JAMA Pyschiatry ».

Des participants mal suivis

Ce n'est pas la première fois que le Dr Neumeister défraie la chronique. En 2016, « The New York Times » avait révélé que l'université de New York avait discrètement mis fin à huit études sur le traitement du trouble de stress post-traumatique à la suite de mauvaises pratiques concernant l'information et le suivi des participants, ce qu'une investigation fédérale a ensuite confirmé. Une autre enquête menée par la Food andDrug Administration (FDA) a signalé que les données des patients avaient, de plus, été falsifiées.

Une des huit études en question visait à évaluer l'efficacité d'une molécule ciblant les récepteurs endocannabinoïdes. Selon une participante citée par nos confrères du « New York Times » : « on m'a donné le traitement, soumise à quelques tests et ensuite plus rien. Il n'y a pas eu de suivi. »

Également cité par « The New York Times », le Dr Charles Marmar, qui dirige le département de psychiatrie de l'université de New York, a estimé que ces infractions « ont mis en danger la sécurité et le bien-être des patients, et suscitent des doutes quant à la valeur des données collectées ». Une fois les soupçons de l'université de New York confirmés par la FDA, le Dr Neumeister a été suspendu de ses fonctions, puis a posé sa démission.

*JAMA Psychiatry, 2014 Nov;71(11):1262-70.

Neuropsychopharmacology, 2014 Oct;39(11):2519-38.

Psychoneuroendocrinology, 2014 Jan;39:88-93.

JAMA Psychiatry, 2013 Nov;70(11):1199-205. 


Source : lequotidiendumedecin.fr