Ambroisie : l'ANSES précise la lutte contre sa propagation et le rôle des médecins

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Publié le 04/12/2020
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Crédit photo : PHANIE

La prise en charge médicale liée à l'ambroisie à feuilles d’armoise coûte entre 59 millions et 186 millions d’euros par an à la France, estime l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES). Dans une expertise portant sur les impacts sanitaires et les coûts associés à la propagation de cette mauvaise herbe, l'agence y souligne également le rôle que peuvent jouer les médecins dans la lutte contre l'ambroisie.

Originaire d'Amérique du Nord, cette plante s’est répandue en France à la suite de la seconde guerre mondiale. Elle est aujourd'hui surtout présente dans la vallée du Rhône, mais on la retrouve dans de nombreux territoires français, avec une accélération depuis les années 1960.

Un pollen fortement allergisant

Du fait d'un pollen fortement allergisant pouvant être transporté sur de longues distances, avec un pic de pollinisation entre mi-août et mi-septembre, cette plante représente un réel problème de santé publique. « L’ambroisie entraîne les mêmes symptômes que d’autres pollens chez les personnes allergiques souffrant de rhinite (éternuements, obstruction nasale, conjonctivite, rougeur, gonflement des paupières…) et impacte fortement leur qualité de vie », détaille l'ANSES. Selon des estimations, environ 13 % de la population Auvergne-Rhône-Alpes est concernée par l'allergie à l'ambroisie, la prévalence étant en augmentation depuis 2004.

L'ambroisie représente un coût annuel en termes de pertes de production (basés sur les arrêts de travail) de10 millions à 30 millions d’euros et de 346 millions à 438 millions d’euros concernant la qualité de vie des personnes allergiques. L'agence prévoit une augmentation de ces coûts dans les années à venir du fait de l'extension des zones infestées et des niveaux élevés de pollens dans l'air ambiant, favorisés notamment par le changement climatique.

Développer des réseaux de médecins et de patients

« Un contrôle strict de la propagation de la plante s’avère donc nécessaire pour limiter les conséquences négatives de l’ambroisie sur la santé », estime l'ANSES. Elle appelle à des actions coordonnées, alors que « la gestion de l’ambroisie se heurte toujours à certains freins réglementaires, notamment le pouvoir de police limité du maire en particulier dans des parcelles privées, la coordination de la lutte à l’échelle de l’Europe, la discordance actuelle du code rural et de la pêche maritime et du code de la santé publique ».

Pour limiter l'impact de l'ambroisie, l'ANSES émet plusieurs recommandations pour une stratégie territoriale articulant sensibilisation des acteurs, surveillance de la plante et de ses pollens ainsi que lutte mécanique, chimique et biologique.

Dans son rapport, l'agence souligne le rôle d'accompagnement des professionnels de santé dans la lutte contre l'ambroisie, dont les symptômes allergiques sont souvent banalisés. L'agence pointe la nécessité d'une meilleure information des professionnels de santé, en particulier dans les zones d'infestation ou à risque de le devenir. Elle préconise également de développer des réseaux de médecins et de patients sentinelles pour favoriser les échanges et de mener une réflexion sur les modalités et la préservation de l’accès au traitement des allergies pour le plus grand nombre.

Différents moyens de lutte selon les zones

La surveillance des pollens doit par ailleurs être intensifiée et optimisée via la pérennisation des observatoires. Pour l'ANSES, il est nécessaire de « moderniser le système de surveillance du pollen d’ambroisie en le couplant à des modèles permettant de prédire sa dispersion à l’échelle de la France métropolitaine ». Un tel modèle existe déjà en région Auvergne-Rhône-Alpes.

Au niveau local, l'ANSES recommande la mise en place d'une réglementation spécifique et coordonnée, à travers notamment la nomination d'un référent ambroisie, dans les zones dites de front, c'est-à-dire celles encore peu concernées mais situées à proximité de zones fortement infestées.

Les bonnes pratiques permettant de limiter la propagation de l'ambroisie doivent être davantage promues et adoptées dans le secteur des bâtiments et travaux publics en lien avec le monde agricole. Il s'agit, entre autres, du nettoyage du matériel agricole et de la gestion des terres contaminées sur les chantiers.

L'agence recommande aussi d'évaluer les différents moyens de lutte contre l'ambroisie selon les zones et le niveau d'infestation et de limiter la présence de terres mises à nu (en dehors des surfaces agricoles utiles).


Source : lequotidiendumedecin.fr