Cancer : 4 % des nouveaux cas dans le monde attribuables à l'alcool en 2020, des risques présents dès une consommation modérée, alerte le CIRC

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Publié le 15/07/2021
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Crédit photo : Phanie

Même une consommation d'alcool légère à modérée est à risque de cancer, met en lumière une nouvelle étude menée par des chercheurs du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et publiée dans « The Lancet Oncology » (un message également promu par la récente expertise de l'Inserm). Ainsi, une consommation égale ou inférieure à deux verres (0 à 20 grammes) par jour représente un cas de cancer sur sept attribuables à l'alcool (14 %), soit 103 000 nouveaux cas de cancer dans le monde.

Au total, ce sont 741 000 nouveaux cas de cancer en 2020, soit plus de 4 % de tous les nouveaux cancers (ou encore, 1 cancer sur 25), qui sont associés à une consommation d'alcool, calcule l'équipe du CIRC, institution liée à l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La majorité d'entre eux sont liés à une consommation d'alcool à risque (39 %, « à risque » désignant 20 à 60 grammes par jour, deux à six boissons alcoolisées quotidiennes) ou excessive (47 %, plus de 60 grammes et six verres par jour). Pour rappel, en France, Santé publique France et l’Institut national du cancer recommandent de ne pas boire plus de dix verres standards par semaine et pas plus de deux par jour (ce qui implique des jours sans alcool dans la semaine).

Les hommes davantage touchés

Pour établir le nombre de cancers liés à l'alcool, les chercheurs ont combiné les niveaux d'alcool consommés par personne par pays en 2010 avec les estimations des nouveaux cas de cancers dont on sait le lien avec l'alcool, en 2020 (laissant un intervalle de 10 ans, le temps du développement de la maladie). « Ces estimations donnent un aperçu du fardeau mondial du cancer attribuable à la consommation d’alcool par sexe, par type de cancer et par pays ou région du monde », explique Harriet Rumgay, chercheur au CIRC et auteur principal de l’article.

La consommation d’alcool augmente le risque de cancer sur sept localisations : la cavité buccale, le pharynx, le larynx, l’œsophage (carcinome épidermoïde), le côlon-rectum, le foie (carcinome hépatocellulaire) et le sein chez les femmes.

En 2020, les types de cancer avec le plus grand nombre de nouveaux cas associés à la consommation d’alcool étaient le cancer de l’œsophage (190 000 cas), le cancer du foie (155 000 cas) et le cancer du sein (98 000 cas).

L'étude montre par ailleurs que les hommes représentent environ les trois quarts (77 %) du total des cas de cancer attribuables à l’alcool (568 000 cas, contre 172 000 pour les femmes).

Des disparités régionales, la France mal classée

L'étude met aussi en lumière des disparités régionales. Les régions qui concentrent les plus fortes proportions de cas de cancer attribuables à l'alcool sont l'Asie orientale (jusqu'à 9 % chez les hommes), et l'Europe centrale et orientale (8 % chez les hommes et 3 % chez les femmes). Les proportions sont élevées chez les femmes également en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Europe occidentale (3 %). À l’inverse, les pays les plus épargnés sont l'Afrique du Nord et l'Asie occidentale (moins de 1 % pour les deux sexes). Quant à la France, 5 % des cas de cancers sont liés à l'alcool (20 000 cas), ce qui la place au même rang que l'Inde, derrière la Grande-Bretagne, le Brésil ou l'Allemagne (4 %) ou même les États-Unis (3 %), devant la Chine (6 %).

Les auteurs alertent sur « la nécessité de mettre en œuvre des politiques et des interventions efficaces pour sensibiliser le public au lien entre la consommation d’alcool et le risque de cancer, et pour réduire la consommation globale d’alcool », selon les mots de la Dr Isabelle Soerjomataram, cheffe adjointe de la Branche Surveillance du cancer au CIRC. Ceci d'autant plus que la pandémie de Covid-19 n'a pas manqué d'affecter les comportements, mais aussi les soins pour le cancer dans tous les pays.

Dans un commentaire publié conjointement à l'étude, Amy Justice (Université de Yale) appelle à mesurer la consommation d'alcool chez tous les patients, tout comme l'on vérifie l'hémoglobine glyquée d'un patient diabétique. « Plus tôt nous estimons l'exposition à l'alcool, plus tôt nous pourrons intervenir », lit-on. 


Source : lequotidiendumedecin.fr