Covid-19 : une pression hospitalière du simple au double fin janvier selon les comportements, estime Pasteur

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Publié le 13/01/2022
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Crédit photo : S.Toubon

Alors que près de 24 000 personnes sont hospitalisées en France, dont près de 4 000 en soins critiques, combien faudra-t-il de lits pour soigner les malades du Covid-19, au pic de cette cinquième vague dominée par le variant Omicron ? L'Institut Pasteur affine ses précédentes analyses, grâce aux dernières données sur la transmission et la sévérité du nouveau variant par rapport à Delta. En ressort l'importance des comportements individuels pour réduire la pression sur l'hôpital. « De petites réductions dans les taux de transmission en janvier peuvent fortement réduire l'impact hospitalier de cette vague », lit-on.

« Nous sommes vraiment à un moment critique, car en fonction de la réduction du R0, on va dépasser ou non dans les prochaines semaines le nombre d’admissions et d’hospitalisations observé lors de la première vague », commente le Pr Arnaud Fontanet, directeur de l'unité de recherche d'épidémiologie des maladies émergentes de l’Institut Pasteur.

Point commun à tous les scenarii envisagés : le pic des infections est attendu mi-janvier ; et le pic des admissions à l'hôpital devrait arriver dans la deuxième moitié de janvier, avec un impact sur l'occupation des lits fin janvier, courant février.

Le scenario le plus probable selon les chercheurs de l'institut Pasteur considère que la sévérité du variant Omicron est faible (avec 77 % de risque en moins d’hospitalisations, par rapport à Delta), mais sa transmissibilité, haute. Les deux autres plus hypothétiques postulent, pour l'un une sévérité identique au virus historique, mais une transmissibilité moindre, et pour l'autre une sévérité identique, mais une transmissibilité haute.

De 2500 à 5000 hospitalisations journalières au pic de l'épidémie

Dans le scénario de référence, qui table sur une bonne efficacité vaccinale, l'on pourrait atteindre au maximum 5 200 hospitalisations quotidiennes au pic de l'épidémie, et avoir ainsi besoin de 32 000 lits conventionnels et 6 000 lits de soins critiques.

Si les Français depuis le 3 janvier, restreignent leurs contacts de 10 %, la pression s'allège : les hospitalisations journalières passeraient à 3 600 (-29 % par rapport à l'estimation de base, soit le niveau du premier pic de 2020), le nombre de lits classiques nécessaires à 23 000 (-27 %) et celui des soins critiques à 4 700 (-23 %).

Si cette restriction des contacts était encore plus forte en début d'année (-20 %), ces chiffres tombent respectivement à 2 500 hospitalisations journalières (-52 %), 17 000 lits conventionnels (-46 %), et 3 900 lits de réa (-36 %).

Allègement de la pression avec des séjours plus courts

D'autres paramètres influent sur la pression hospitalière, comme les durées de séjour. Ainsi, l'on pourrait diminuer le nombre de lits classiques de 23 000 à 15 000, si l'on divise par deux la durée moyenne (actuellement, de 6 jours). Cela suppose, notent les chercheurs, le développement de structures en soins primaires ou des hospitalisations à domicile. Une piètre efficacité de la vaccination aurait a contrario pour effet d'augmenter le nombre d'hospitalisations journalières, de 3 500 à 7 200 en fonction de l'intensité de la réduction des contacts, et le besoin en lits de réa de 4400 à 7800.

L'équipe de Simon Cauchemez reste prudente, eu égard aux incertitudes qui demeurent, en particulier sur la durée et la probabilité d'admission des patients Omicron en réanimation, la dynamique de la vaccination (qui semble ralentir, dans l'administration des doses de rappel), ou encore les disparités régionales. « Cela va être très dur dans le sud de la France où les lits sont toujours occupés par des patients Delta », redoute le Pr Arnaud Fontanet.


Source : lequotidiendumedecin.fr