Étiquetage nutritionnel : la mise en œuvre de l'expérimentation contestée sur le terrain

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Publié le 21/10/2016
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Crédit photo : Phanie

L'expérimentation grandeur nature de l'étiquetage nutritionnel continue de faire des vagues. Après six démissions au sein du comité scientifique, en signe de désaccords sur la rigueur du protocole, c'est la mise en œuvre sur le terrain qui est désormais l'objet de vives critiques.

Une équipe de l'INSERM, composée notamment de diététiciens, a visité cinq magasins d'Ile-de-France participant à l'opération et dénonce un étiquetage des produits bien inférieur à ce qui avait été annoncé. Selon le Dr Chantal Julia, de l'équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle, « un peu plus de la moitié des aliments des rayons pain-viennoiseries et traiteur frais et un quart du rayon plats préparés d'épicerie étaient étiquetés ». Officiellement, il était prévu que 86 % des pains et viennoiseries industriels soient étiquetés, 79 % des produits du traiteur frais, et 67 % des plats cuisinés d'épicerie. Sur l'ensemble des marques présentes dans les rayons testés, moins de 40 % sont étiquetées, note le Dr Julia, soulignant que des marques emblématiques de certains rayons ne participent pas à l'étude (William Saurin, Garbit, etc.) Et l'équipe INSERM de s'interroger sur « la capacité à obtenir des résultats statistiquement significatifs » à l'issue de l'expérimentation.

Seconde critique : il y aurait une disparité entre les quatre systèmes comparés « au détriment du Nutriscore » du Pr Serge Hercberg, pour lequel seulement 30 % des produits sont étiquetés contre 46 % à 59 % pour les autres systèmes testés. Ce qui interroge sur le respect, selon le Dr Julia, de la clause d'égalité de mise en concurrence.

Parallèlement, la revue spécialisée « Linéaires » publie un article après la visite de deux points de vente dans les Yvelines, le 14 octobre, faisant état de fortes disparités entre les magasins, et globalement, d'un collage insuffisant.

Riposte du FFAS

Le Fonds français pour l'alimentation et la santé (FFAS), porteur opérationnel du projet, et financeur à 52 % (sur dotations d'acteurs privés) n'a pas attendu la publication de l'enquête de l'INSERM pour dénoncer « des entraves à l'expérimentation de logos nutritionnels » et « des enquêtes sauvages conduites clandestinement ».

Selon le fonds, les premiers audits réalisés le 20 octobre dans 35 magasins, par 7 auditeurs indépendants, ont montré que l'expérimentation se déroulait dans des conditions satisfaisantes pour 26 d'entre eux, et acceptables dans 7 magasins. 2 établissements n'ont pas atteint le niveau requis et des actions correctives ont été immédiatement engagées.

« Il appartiendra aux économètres chargés du traitement des données de déterminer en fonction des non-conformités relevées et en accord avec le comité scientifique, si ces deux magasins doivent ou non être maintenus dans l'expérience », précise le FFAS dans un communiqué.

L'expérimentation, financée à hauteur de 2,2 millions d'euros et lancée dans 60 magasins le 26 septembre, durera jusqu’au 4 décembre. Les premiers résultats sont attendus fin janvier.


Source : lequotidiendumedecin.fr