Sommeil et santé mentale intimement liés : les Français dorment mal

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Publié le 17/03/2023

Crédit photo : Garo/Phanie

Communiqués à l’occasion de la journée du sommeil ce 17 mars, les résultats de nouvelle enquête INSV/MGEN confirment que les Français dorment mal. Quelque 37 % des personnes interrogées se disent insatisfaites de la qualité de leur sommeil. « Cette aggravation des problèmes du sommeil est corrélée à l’aggravation des troubles de la santé mentale depuis l’épidémie de Covid », a déclaré en conférence de presse le Dr Marc Rey, président de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV).

Pour cette 23e édition, dont le thème est « Sommeil : croyances, santé mentale et écoanxiété », l’INSV entend sensibiliser et informer sur tous ces sujets. Conférences, webinaire, ateliers, podcasts, tables rondes, une cinquantaine d’évènements sont organisés dans toute la France (www.journeedusommeil.org).

L'enquête révèle que 58 % se plaignent de difficultés de sommeil et 42 % déclarent souffrir d’au moins un trouble du sommeil (insomnie, troubles du rythme du sommeil, apnées du sommeil, syndrome des jambes sans repos…).

Huit Français sur 10 se réveillent la nuit

Plus de 8 Français sur 10 sont concernés par les réveils nocturnes (en moyenne 2 fois 30 minutes) et la durée moyenne du sommeil continue de se réduire : 6 h 58 en semaine et 7 h 40 le week-end. Ils mettent 40 minutes pour s’endormir en moyenne en semaine.

Trois Français sur quatre qui souffrent de troubles du sommeil déclarent avoir mis en place au moins une mesure pour répondre à leurs troubles du sommeil (horaires de sommeil réguliers, aides médicamenteuses, meilleure alimentation, pratique du sport, relaxation, limiter l’exposition aux écrans), 19 % consultent leur médecin traitant.

Une faible majorité (58 %) a intégré la notion de rythme du sommeil qui doit être régulier avec des horaires de coucher et de réveil qui restent les mêmes que l’on travaille ou non le lendemain. Il est également conseillé de s’exposer à la lumière du jour pour aider à réguler l’horloge biologique. L’enquête souligne aussi que les Français sont à peine un sur quatre à savoir qu’en cas de difficultés à s’endormir, mieux vaut se relever quelques minutes plutôt que s’agiter dans son lit.

Troubles du sommeil, anxiété et dépression

D’après les résultats, les femmes et les jeunes sont plus sujets à l’anxiété que le reste de la population (respectivement 39 %, 41 % des 18-24 ans et 42 % des 25-34 ans versus 31 % pour l’ensemble des personnes interrogées). C’est également le cas des personnes qui souffrent de troubles du sommeil et plus particulièrement d’insomnie (54 %). La dépression touche indifféremment les hommes et les femmes du panel de l’enquête. Elle est associée à un moins bon sommeil, à davantage de troubles du sommeil, essentiellement de l’insomnie (30 % versus 16 %).

16 % des Français déclarent prendre actuellement des antidépresseurs ou des anxiolytiques qui ne s’avèrent pas toujours efficaces : seuls 42 % ont un sommeil de meilleure qualité. À l’inverse 21 % estiment dormir moins bien et 37 % ne notent aucun changement. « Si les troubles de la santé mentale et les troubles du sommeil sont étroitement liés, le traitement médicamenteux des premiers ne règle pas systématiquement les seconds », a souligné la Dr Sylvie Royant-Parola, présidente du réseau Morphée.

Émergence de l’écoanxiété

L’enquête confirme l’intérêt que portent les Français aux questions climatiques et environnementales (écoanxiété « normale ») : 68 % sont inquiets pour les générations futures, 61 % préoccupés par l’augmentation du nombre des catastrophes naturelles. Mais pour certains, ces préoccupations inhibent avec des répercussions sur la santé mentale : on parle alors d’écoanxiété « avec conséquences négatives », une réaction qui est plus forte chez les jeunes adultes, les personnes anxieuses, dépressives et qui prennent des médicaments pour dormir.

« Depuis deux ans, l’insomnie a augmenté chez les jeunes et une partie de cette hausse peut être attribuée à l’anxiété liée à la situation écologique qui engendre un sentiment d’insécurité et d’inquiétude quant à leur avenir, a expliqué le Pr Jean-Arthur Micoulaud (CHU de Bordeaux). L’approche écologique de la santé est une démarche essentielle en médecine du sommeil. »

Christine Fallet

Source : lequotidiendumedecin.fr