Un rapport publié ce 29 juillet dresse un bilan contrasté du 3e plan d’action contre la pollution par la chlordécone 2014-2020 après une évaluation conjointe de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS), du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), de l’Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGÉSR) et du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER).
« Les inspecteurs recommandent, plutôt qu’un train de mesures nouvelles, l’approfondissement des actions en cours et la concrétisation de celles qui étaient prévues mais n’ont pas encore été réalisées, en recentrant certaines d’entre elles », lit-on sur le site de l'IGAS. Le rapport déplore en effet un « état d’avancement très inégal des actions ».
La chlordécone, reconnue comme étant un cancérigène possible dès 1979, a été utilisée massivement dans les bananeraies en Guadeloupe et en Martinique entre 1972 et 1993 du fait son efficacité insecticide contre les charançons, entraînant une pollution durable des sols.
Une surveillance médicale insuffisante des travailleurs de la banane
La mission IGAS/CGEDD/IGÉSR/CGAAER avait pour objectif d'évaluer l’effectivité et l'efficacité de la mise en œuvre des actions prévues par le 3e plan, qui n'a pas encore tout à fait touché à sa fin, et de la récente feuille de route 2019-2020 qui le complète.
De manière générale, le rapport soulève un problème en termes de gouvernance. L'organisation du pilotage, confié à la direction générale de la santé (DGS) et à la direction générale des outre-mer (DGOM), a été « peu efficace », lit-on. La mission appelle à « revoir en profondeur le pilotage afin de créer une synergie entre toutes les parties prenantes autour d’une stratégie de lutte contre la pollution par la chlordécone : l’État, les collectivités territoriales et les différentes composantes du corps social ».
Le rapport pointe aussi le fait que des actions essentielles n'ont pas été réalisées, ou insuffisamment. « La surveillance médicale des travailleurs de la banane doit être mise en œuvre sans délai et les procédures en vue de l’inscription du cancer de la prostate au tableau des maladies professionnelles doivent être conduites à leur terme », est-il préconisé.
Manque de cohérence dans la recherche
La cartographie des sols demeure incomplète. Cette mesure du plan avait « pour but de mettre à disposition du public toutes les informations disponibles sur la pollution des sols, afin que toutes les parties prenantes puissent, en connaissance de cause, adapter leur comportement ou leurs actions pour limiter les expositions à la pollution ». La mission appelle de ses vœux à achever cette cartographie, avec en priorité la cartographie des zones agricoles, polluées et non polluées, tout en assurant la prise en charge des analyses.
Le volet recherche du plan ne convainc pas non plus. La mission évoque « un bilan mitigé au regard des objectifs » et des projets « sans réelles hiérarchie ni cohérence avec les autres actions du plan ». Elle préconise la mise en place d'un nouveau comité scientifique associé aux comités de pilotage, avec des missions élargies.
Les efforts sont également à poursuivre pour mieux comprendre les effets sanitaires de l’exposition à la chlordécone, estime la mission, qui salue à ce titre les connaissances apportées par les études Kannari sur l’exposition de la population et son imprégnation.
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