Vaccin HPV : la France reste très en retard, s'alarme l'Académie de médecine

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Publié le 24/06/2022
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Crédit photo : PHANIE

En 2020, la France était en 27e position pour la couverture vaccinale contre le papillomavirus humain (HPV), déplore l'Académie de médecine dans un communiqué. Si la prise en charge par l'Assurance-maladie à 65 % de l'extension vaccinale chez les garçons à partir du 1er janvier 2021 a amélioré la situation, la France reste « à un niveau très éloigné des objectifs fixés par la stratégie nationale de santé sexuelle et le Plan cancer », alerte l'Académie.

L'institution appelle les médecins à être plus proactifs dans la vaccination, pointant « un manque de confiance chez certains professionnels de santé qui renoncent ainsi à tenter de convaincre leurs patients ». Selon différentes enquêtes, « environ 40 % des médecins ne recommandent pas systématiquement cette vaccination, évoquant un acte " mal perçu" par les parents », lit-on.

Savoir informer et convaincre

Afin de restaurer la confiance auprès du public et des professionnels de santé en cette vaccination « efficace et bien tolérée », l'Académie recommande de faire appel au « soutien de l'Institut du cancer qui (...) fournit une documentation » pour aider à informer la patientèle, mais aussi « de rendre systématique l'offre de vaccination en direction des enfants âgés de 11 à 14 ans et de relancer les adolescents non immunisés pour une vaccination de rattrapage, possible jusqu'à l'âge de 19 ans ».

En Europe, la couverture vaccinale dépassait 50 % dans 20 pays et 75 % dans 11 pays dont le Portugal, l'Espagne et le Royaume-Uni, quand elle parvenait à 28 % chez les filles (29 % pour une seule dose à 15 ans et 24 % pour un schéma à deux doses à 16 ans), rapporte l'Académie. En 2021, avec la prise en charge chez les garçons, la couverture s'est élevée à 41 % (45,8 % pour les filles et 6 % pour les garçons). Or les objectifs nationaux visent à vacciner 60 % des adolescentes âgées de 11 à 19 ans en 2023 et 80 % à l'horizon 2030.

Faciliter l'accès

Pour expliquer cette situation, l'Académie pointe le fait que la stratégie décennale de lutte contre le cancer (2021-2030) est surtout orientée sur la prévention du cancer du col de l'utérus, donc limitée aux filles mais aussi « le manque de coordination politique et stratégique de la part des agences régionales de santé ». L'Académie appelle ainsi « à pallier les inégalités socio-économiques par un accès facilité à la vaccination, en particulier dans les lieux fréquentés par les populations le plus défavorisées, avec des conditions permettant l'absence d'avance de frais ». De plus, l'intérêt de la vaccination en milieu scolaire est souligné, rappelant qu'elle a permis dans certains pays d'obtenir une couverture supérieure à 70 %.


Source : lequotidiendumedecin.fr