Le trouble du déficit de l’attention

Des adultes à prendre aussi en charge

Publié le 14/12/2017
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Trouble neurodéveloppemental débutant pendant l’enfance, le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) entraîne des difficultés à moduler les idées (inattention), les gestes (bougeotte physique), les comportements (impulsivité) ainsi que les émotions (dysrégulation émotionnelle). Plus de la moitié des enfants atteints par ce trouble garderont des symptômes significatifs à l’âge adulte : la prévalence du trouble chez l’adulte est estimée autour de 3 à 4 %.

Le TDA/H comprend plusieurs sous types en fonction des symptômes prédominants (attention, hyperactivité/impulsivité, mixte). La dysrégulation émotionnelle est une autre dimension souvent retrouvée chez l’adulte TDA/H.

Le trouble peut rester non-diagnostiqué jusqu’à l’âge adulte, pour plusieurs raisons : symptômes différents chez l’adulte par rapport à l’enfant (sous-type inattentif prédominant), méconnaissance du trouble, forte comorbidité (troubles humeur, addictions, troubles anxieux), compensation par des stratégies mises en place ou par l’environnement familial.

Les conséquences des symptômes TDA/H chez l’adulte restent importantes : les troubles attentionnels (distractibilité), la désorganisation associée (procrastination), l’impulsivité nuisent à leur travail professionnel, à leur vie privée, avec une faible estime de soi comme conséquence. L’automédication est fréquente, avec des psychostimulants en vente libre (caféine, nicotine) ou des toxiques (cannabis ou cocaïne).

Le TDAH est un trouble familial, l’héritabilité est importante, estimée à 80 %. Des mécanismes de transmission impliquent des neurotransmetteurs comme la dopamine et la noradrénaline, qui seraient dérégulés dans le TDAH.

Plusieurs outils d’évaluation diagnostique ont été validés, l’évaluation rétrospective en fait partie, mais il n’y a pas de test spécifique du TDAH. La démarche clinique complète, avec la recherche d’informations auprès des proches, permet de confirmer le diagnostic et les comorbidités.

Un traitement pharmacologique peut être envisagé, quand les symptômes du TDAH demeurent handicapants. Les traitements possibles sont des psychostimulants (méthylphénidate, sel d’amphétamines) ou non-psychostimulants (atomoxétine). En France, aucun de ces traitements ne dispose actuellement d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) chez l’adulte, en revanche celle-ci existe pour certains jusqu’à 18 ans, malgré une persistance des symptômes dans plus de 50 % des cas à l’âge adulte.

Les médicaments permettent d’améliorer considérablement les symptômes du TDAH mais ils ne sont pas suffisants. D’autres méthodes non pharmacologiques comme la psychoéducation, des interventions comportementales, la remédiation cognitive sont des composantes importantes du plan de soins personnalisés. S’il y a un trouble psychiatrique comorbide, celui-ci doit être considéré dans le plan de traitement, le trouble le plus handicapant est à traiter en premier lieu.

Psychiatre (Garches)
(1) American Psychiatric Association. Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Fifth Edition. Washington, DC: American Psychiatric Association, 2013
(2) Canadian Attention Deficit Hyperactivity Disorder Alliance (CADDRA): Lignes directrices canadiennes pour le TDAH, troisiéme édition, Toronto, ON; CADDRA 2011. (3) Barkley RA, Murphy KR, Fischer M ADHD in aduls : what the science says. Guilford Press 2010

Dr Adéla Ionita

Source : Bilan Spécialiste