Céphalées de la femme

Des variations hormonales au premier plan

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Publié le 22/02/2018
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céphalée

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Crédit photo : phanie

La migraine suppose une prédisposition génétique du cerveau. Quelques gènes ont été bien identifiés en particulier dans la variété hémiplégique et l'on s'achemine vers un démembrement génétique. D'ailleurs dans 70-80% des cas, on retrouve des antécédents familiaux. Quant aux facteurs déclenchants, ils sont nombreux. Mais "aux classiques changements de rythme (sommeil, activité, alimentation, émotion, stress) s'ajoutent chez les femmes les modifications hormonales qui ont une place primordiale. Même si globalement le traitement des crises est indépendant du sexe, il doit donc être adapté chez les femmes dans diverses situations, notamment lors de la grossesse et de l'allaitement."

Contraception : privilégier les progestatifs purs

La contraception progestative pure est préconisée en prévention des migraines liées aux règles. Quant au traitement des crises, une association triptan plus anti-inflammatoire est souvent utilisée en traitement d'attaque vu la difficulté de traiter ces crises. Sachant qu'en cas d'échec switcher d'un triptan à un autre peut donner des réponses.

"Dans les migraines avec aura, les oestro-progestatifs sont contre indiqués. Seules les pilules purement progestatives sont utilisables. Hors de ces migraines, les oestro-progestatifs ont des effets très variés". Dans la majorité des cas, la contraception est sans effet. Une minorité de femmes néanmoins est améliorée mais chez d'autres les oestro-progestatifs majorent les migraines. Auquel cas il faut absolument envisager un autre moyen de contraception.

Grossesse : sumatriptan en cas de crises sévères

Durant la grossesse, la majorité des femmes voient leurs crises diminuer mais pas les femmes souffrant de migraines avec aura. On peut alors utiliser du paracétamol malheureusement souvent inefficace depuis longtemps. "Restent les anti-inflammatoires. Mais ils augmentent le risque de fausse couche au premier trimestre et sont formellement contre indiqués passé le cinquième mois". Quant aux triptans, on a aujourd'hui un certain recul grâce aux registres sur le sumatriptan, le premier à avoir été commercialisé et le plus prescrit dans le monde. C'est pourquoi "aujourd'hui on considère que l'on peut prescrire le sumatriptan en cas des crises d'intensité sévère. En revanche les autres triptans restent proscrits". Il faut en avertir les femmes en début de grossesse.

Allaitement : triptan avec précaution

Globalement les femmes dont les migraines sont améliorées durant la grossesse le restent. Sinon "on peut envisager un triptan, sous réserve de consulter le Centre de Référence pour les Agents Tératogènes (CRAT;  https://lecrat.fr ; site internet d'accès direct pour les patientes). La possibilité d'allaiter dépend en effet à la fois du temps écoulé entre prise du triptan et tétée et de la cinétique de la molécule".

Ménopause : un effet variable

Là aussi, l'impact entre hormone et migraine est complexe. "La ménopause chirurgicale tend à majorer les migraines quand la ménopause naturelle tend à les réduire notamment chez les femmes sujettes aux migraines liées aux modifications hormonales. Quant au THM, comme la pilule il a des effets très divers".

D'après un entretien avec le Dr Anne Donnet, Centre d’évaluation et de traitement de la douleur, hôpital de la Timone à Marseille

Pascale Solere

Source : Bilan Spécialiste