Hypertension artérielle, dyslipidémies

La Mapa en premiers soins

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Publié le 30/04/2018
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prévention CV

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Crédit photo : PHANIE

Les mesures de la pression artérielle en dehors du cabinet médical sont recommandées par les sociétés savantes, et la mesure ambulatoire de la pression artérielle (Mapa) est reconnue comme supérieure à l’automesure tensionnelle. Elle reste toutefois très peu utilisée en premiers soins, notamment pour des problèmes d’organisation et de coût, puisque le matériel est relativement onéreux et qu’il n’y a pas de cotation dédiée.

Pourtant, elle pourrait être validée en soins primaires, après une formation du personnel, comme le souligne un travail longitudinal prospectif multicentrique réalisé en milieu semi-rural ayant inclus près de 400 patients. Sur les 394 dossiers analysables, 360 Mapa ont été considérées comme valides selon les critères de la Société européenne de cardiologie (au moins 20 mesures diurnes et 7 mesures nocturnes, chez un patient poursuivant ses activités habituelles avec un brassard adapté). Trois paramètres se sont montrés associés à la non-validité de la Mapa : l’obésité (OR = 2,56), la prise d’au moins un antihypertenseur (OR = 2,36) et la précarité, définie par un score Epices supérieur à 30 (OR = 2,08).

Cessation brutale de traitement

Quant à l’étude Parmes, menée dans le cadre du travail de thèse de la Dr Virginie Vidal, elle s’est intéressée aux raisons ayant poussé les patients à arrêter leur traitement par statines. Des entretiens qualitatifs semi-directifs ont été menés avec 17 patients âgés de 59 à 90 ans qui avaient interrompu depuis plus d’un mois le traitement prescrit en prévention primaire ou secondaire. Interrogés sur leurs représentations, les patients considèrent les dyslipidémies comme une notion assez abstraite, mais ils font le lien entre l’excès de graisses dans le sang et l’obstruction des artères. Les statines sont considérées comme des médicaments faisant baisser le cholestérol, mais non comme ayant un effet protecteur cardiovasculaire. Les patients s’interrogent sur leur utilité avec l’avance en âge et sur la hiérarchie entre les différents traitements.

Le fait d’avoir une prescription de statines était souvent rapporté comme un facteur incitant à accroître l’activité physique et à prendre conscience des mauvaises habitudes alimentaires. Mais parfois, au contraire, la prise de statines favorisait les excès en conférant un sentiment de compensation.

Dans la majorité des cas, les patients ont arrêté leur traitement du jour au lendemain, sans en parler à leur médecin, principalement à cause des effets indésirables. Les douleurs musculaires étaient au premier plan des symptômes rapportés, suivies des troubles cognitifs ou thymiques, des malaises et vertiges et des troubles digestifs. Dans la plupart des cas, ces effets ont disparu à l’arrêt du traitement.

Certains patients ont reconnu avoir été influencés par les médias dans cette décision, mais aussi par d’autres professionnels de santé et l’entourage.

Communications des Drs Claire Zabawa (Dijon) et Sylvaine Bœuf-Gibot (Bellerive-sur-Allier)

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9661