La lombalgie chronique constitue un enjeu humain, social et économique majeur. Elle concerne 84 % de la population générale et est le deuxième motif de consultation en médecine générale. Elle entraîne une fois sur cinq un arrêt de travail et est la troisième cause d’invalidité pour le régime général. « Elle peut être à l’origine d’une désinsertion sociale », a rappelé la Dr Marie-Hélène Certain (Les Mureaux), ce qui a conduit plusieurs sociétés savantes et institutions (1), à l’initiative de l’Assurance-maladie, à mettre en place un groupe de travail pluridisciplinaire afin de construire une action collective.
Ce travail s’est basé sur une idée, « une lombalgie commune, ça fait mal, mais ça n’est pas grave : la douleur disparaît en quelques jours », et un principe, « le maintien d’une activité physique ou sa reprise précoce accélère la guérison ».
L’action multicible développée comprend plusieurs volets. L’un à destination des médecins, avec une campagne de visite des délégués de l’Assurance-maladie débutée en novembre 2017 et la remise de livrets. Un autre à destination des assurés, avec un livret spécifique et la diffusion d’une application mobile, Activ’dos, déjà téléchargée plus de 83 000 fois. Enfin, une campagne médiatique nationale et des actions auprès des entreprises seront menées en 2018.
Maintenir l’activité physique
L’un des objectifs de ces différentes actions est de rappeler que la lombalgie commune (diagnostic d’élimination) est fréquente, et que son évolution naturelle est dans la grande majorité des cas favorable. Mais un passage à la chronicité s’observe dans 7 % des cas, et les récidives chez 20 à 44 % des patients. Il est donc important de rechercher des signes de risque, qui nécessitent alors une prise en charge adaptée : des facteurs émotionnels comme l’anxiété, le stress, la dépression, les problèmes au travail, ou des comportements inappropriés face à la douleur, tels que l’évitement ou l’inactivité. « Il est essentiel de travailler sur les craintes et les croyances, celles des patients mais aussi celles des soignants », a souligné la Dr Violaine Foltz (Paris).
Pour 90 % des patients, la prise en charge au cours des 4 à 6 premières semaines se fonde sur la réassurance, le maintien de l’activité physique comme socio-professionnelle et un traitement médicamenteux de la douleur. Il n’est pas nécessaire de faire un examen d’imagerie. Puis il importe de refaire une évaluation clinique afin de ne pas méconnaître une étiologie, en recourant éventuellement à l’imagerie, et de mettre en place une rééducation active.
En cas d’arrêt de travail, il est préférable de contacter précocement le service de médecine du travail, sans attendre la date prévue de la reprise. « Il y a beaucoup d’idées reçues sur le rôle du travail dans la genèse de la lombalgie », a indiqué le Pr Alexis Descatha, médecin du travail (Garches). Le kinésithérapeute Xavier Dufour (Paris), qui estime que « massages à la crème et lampes chauffantes ne servent pas à grand-chose », a quant à lui souligné l’intérêt d’une approche centrée sur le mouvement.
Communications des Drs Marie-Hélène Certain (CMG), Violaine Foltz (SFR), Pierre Gabach (Cnam), du Pr Alexis Descatha (Garches) et de Xavier Dufour (CMK).
(1) Collège de la médecine la générale (CMG), Société française de rhumatologie (SFR), Société française de médecine du travail (SFMT), Collège de la masso-kinésithérapie (CMK), Assurance-maladie, Association française de lutte antirhumatismale (Aflar), Société française de médecine physique et de réadaptation (Sofmer)
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