Proposée par le Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR), la suppression des secteurs d'exercice – et l'interdiction pure et simple des dépassements d'honoraires – n'est pas du tout du goût du syndicat des Jeunes Médecins (ex-ISNCCA).
De quoi s'agit-il ? Dans sa récente plateforme visant à lutter contre les freins financiers à l'accès aux soins, ReAGJIR juge indispensable de « supprimer cette distinction tarifaire entre secteur I et secteur II », en interdisant dans le même temps la possibilité de dépassement.
La diffusion le 6 mars par nos confrères de « What's up doc » d'une vidéo explicative du Dr Yannick Schmitt, président de ReAGJIR, a été la goutte d'eau : le généraliste y évoque un « véritable problème d'accès aux soins économique » pour les patients, « notamment quand on les adresse à des spécialistes de deuxième recours ». Il témoigne de l'existence d'une « médecine à deux vitesses » responsable de renoncements aux soins, dans laquelle « certaines spécialités vont prendre en charge les patients plus rapidement ».
Querelles ancestrales
Pour le Dr Emanuel Loeb, président de « Jeunes Médecins », de tels propos suggérant que les spécialistes de secteur II contribuent au renoncement aux soins ne sont pas acceptables.
Surtout, remettre sur le tapis la suppression du secteur à honoraires libres serait raviver d'anciennes querelles médicales. « Nous avons toujours défendu la revalorisation de la consultation de médecine générale comme des autres spécialités. Il faut cesser d'opposer les spécialités entre elles et de reproduire les querelles ancestrales et iniques entre médecine générale et autres spécialités », plaide-t-il. « Mais qui sont les jeunes médecins de ReAGJIR ? », tacle Emanuel Loeb qui appelle le syndicat de généralistes « à la raison et à la modernité ».
Tarifs gelés
De son côté, le Dr Yannick Schmitt se dit surpris de cette attaque par voie de presse. « Ils ont réagi après la diffusion (de la vidéo) sans tentative de communication préalable avec nous, sans avoir pris connaissance de nos propositions », réplique-t-il. L'objectif, assure le patron de ReAGJIR, n'est pas d'obliger tous les praticiens à s'aligner sur le secteur I actuel mais de lutter contre des dépassements parfois « exagérés » par manque de « valorisation de plusieurs actes médicaux, dont les montants ont été gelés depuis des années » par les pouvoirs publics.
De fait, la plateforme de ReAGJIR proposait aussi une réévaluation de certains actes médicaux, la meilleure prise en compte des facteurs économiques contribuant aux dépassements (coût des loyers) et une réflexion sur la diversification des modes de rémunération, en intégrant les avantages sociaux liés au secteur I.
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