Goutte

Risque accru de démence et moindre de Parkinson

Par
Publié le 09/07/2018
Article réservé aux abonnés
Goutte

Goutte
Crédit photo : PHANIE

Les précédents essais ayant donné des résultats parfois contradictoires, une nouvelle étude, américaine, sur les relations entre goutte et démence a inclus 1,23 million de bénéficiaires de Medicare, dont 65 324 présentaient une démence (1). Dans une analyse ajustée pour diverses variables confusionnelles potentielles, y compris les données démographiques, les comorbidités et les médicaments couramment utilisés, les résultats ont montré que la goutte est indépendamment associée à un risque significativement plus élevé de démence (de 17 à 20 %).

L’association était plus importante dans les groupes plus âgés (> 75 ans), chez les femmes, les personnes de race noire et celles ayant une comorbidité médicale élevée. Les analyses de sous-groupes ont indiqué que la goutte était associée à une augmentation significative de 20 à 57 % de la démence chez les patients sans comorbidité clé : maladie coronarienne, hyperlipidémie, maladie cardiovasculaire, diabète, hypertension. Cependant, ce n’était pas le cas chez les patients ayant l’une de ces pathologies, sauf chez ceux atteints de coronaropathie (HR : [0,97-1,07]).

« Notre étude a révélé un risque significativement accru de démence associée à la goutte chez les personnes âgées. D’autres études sont nécessaires pour explorer ces relations et comprendre les voies pathogéniques impliquées dans ce risque accru », a déclaré le Dr Jasvinder Singh de l’université d’Alabama à Birmingham (États-Unis), auteur de l’étude.

Un effet protecteur plus important chez les hommes

Il a déjà été démontré que l’hyperuricémie protégeait de la survenue de la maladie de Parkinson, mais cette relation fait l’objet d’une controverse chez les patients ayant la goutte. Une étude cas-témoins a donc été effectuée à partir d’une base de données électronique anonyme de l’Institut Català de la Salut de Barcelone d’environ 1,5 million de personnes (2). Seuls ont été étudiés les sujets de plus de 40 ans avec un diagnostic de maladie de Parkinson ou ayant pris des médicaments antiparkinsoniens (L-dopa, rasagiline, sélégiline…) de 2006 à 2016. Chaque cas était apparié à quatre témoins selon l’âge et le sexe.

21 789 cas de maladie de Parkinson et 87 156 témoins ont été inclus. L’âge moyen était de 75,5 ans et 55,6 % étaient des femmes. Parmi les patients parkinsoniens, 2,5 % avaient une goutte, versus 4,8 % dans le groupe témoin. Après ajustement multivarié, la goutte était associée à un risque diminué de 45 % de développer une maladie de Parkinson. L’effet protecteur était plus important chez les hommes. Les auteurs suggèrent qu’il serait lié aux vertus antioxydantes et neuroprotectrices de l’acide urique, qui surpasse ses propriétés inflammatoires chez les patients goutteux.

(1) Singh J. A., Cleveland J. D. « Gout and dementia in the elderly: a Medicare claims study », congrès de L’EULAR, 13-16 juin 2018, extrait OP0182

(2) Diaz-Torne C., Pou M. A., Orfila F. et al.« Does gout protect from parkinson’s desease: a case-control study from an urban population », congrès de L’EULAR, 13-16 juin 2018, extrait FRI10233

Dr Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin: 9680