Une étude conclut à l'absence d'effet de la vitamine D en association avec la chimiothérapie dans les cancers digestifs

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Publié le 10/04/2019
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Crédit photo : PHANIE

De nombreuses questions restent en suspens quant à l'hypothétique rôle de la vitamine D dans la prévention du cancer. Selon plusieurs études in vitro et observationnelles, la 25-hydroxyvitamine D pouvait jouer un rôle dans la régulation de l'activité de gènes responsables de la prolifération cellulaire. Une ancienne étude de cohorte prospective avait conclu à une diminution du risque de développer un cancer du côlon de 70 % sur une période de 8 ans, chez les personnes ayant un taux sérique de 25 (OH) D supérieur à 20 ng/ml, en comparaison à ceux ayant un taux inférieur à cette limite.

La preuve semblait faite, mais plusieurs études randomisées prospectives ont ultérieurement conclu à des résultats contradictoires. Aussi, les chercheurs japonais de l'école universitaire de médecine Jikei, à Tokyo, ont conduit une étude randomisée prospective AMATERASU incluant 417 patients en rémission après résection chirurgicale d'un cancer digestif de stade 1 à 3, dont 10 % de cancer de l'œsophage, 42 % de cancer de l'estomac et 48 % de cancer colorectal.

En association de leur traitement adjuvant potentiel, 251 patients ont reçu 2 000 unités internationales par jour de vitamine D et 166 ont été affectés dans un groupe placebo. Le but était de mesurer l'effet de la prise de vitamine D sur le risque de rechute et la survie à 5 ans.

Pas de différence en termes de rechute et de décès

Selon les données d'AMATERASU publiées dans le « JAMA », la supplémentation en vitamine Dne montre aucune différence significative en termes de rechute et de décès entre les deux groupes. Après un suivi médian de 3,5 ans, et un suivi maximum de 7,6 ans, les chercheurs ont observé une récidive chez 20 % des patients sous vitamine D et  26 % du groupe placebo. Par ailleurs, 15 % des patients des 2 groupes sont décédés au cours du suivi. Les taux de survie sans récidive à 5 ans sont de 77 % dans le groupe vitamine D contre 69 % dans le groupe placebo. Il n'y avait donc pas d'effet protecteur significatif lié à la prise de vitamine D.

Afin de pousser plus loin l'analyse, les participants à l'étude ont été divisés en 3 sous groupes, en fonction de leur niveau sanguin de 25 (OH) D à l'inclusion : moins de 20 ng/ml, entre 20 et 40 ng/ml et plus de 40 ng/ml. Le taux de 25 (OH) D est un marqueur du statut en vitamine D. La différence de survie à 5 ans entre patients sous placebo et sous supplémentation vitaminique n'était significative que dans le sous-groupe ayant une concentration sérique comprise entre 20 et 40 ng/ml. Ce dernier résultat « est à interpréter avec prudence » indiquent les auteurs. En effet, l'hypothèse initiale était l'observance d'une diminution significative de la mortalité et du taux de récidive à 5 ans chez les patients avec un plus faible taux sérique initial de 25 (OH) D.

 


Source : lequotidiendumedecin.fr