LE QUOTIDIEN : Qu’est-ce qu’un business angel ?
BERNARD KIRSCH : Ce sont des gens qui, à un moment de leur carrière, ont envie d’être dans un rôle de transmission, d’accompagnement de l’innovation de rupture par l’intermédiaire de l’accompagnement financier et humain de sociétés innovantes. Pour nous rejoindre, il faut donc avoir un petit peu d’argent, mais Angels Santé a la particularité d’être véritablement un réseau d’experts : ce sont des profils de gens bienveillants qui ne sont pas d’abord là pour la rentabilité, mais pour accompagner des projets innovants de qualité.
Comment une entreprise peut-elle obtenir le soutien de vos investisseurs ?
Nous recevons entre 140 à 150 dossiers par an, déposés par des entreprises qui sont en phase de « seed » ou de « pré-série A » (premières levées de fonds des entreprises, ndlr). Ces dossiers sont évalués par un binôme de membres d’Angels Santé, qui les étudient et qui passent une heure avec les porteurs de projet. Nous retenons à cette étape environ un projet sur deux. Les projets sont ensuite présentés à l’ensemble de nos membres, ce qui permet de voir s’il y a une marque d’intérêt dans le réseau. Environ 40 % des dossiers passent à l’étape suivante, où le dossier est instruit à plusieurs : nous discutons avec des clients, avec des spécialistes du domaine concerné, et cela se termine, le cas échéant, par une recommandation d’investissement à nos membres.
Qui sont vos investisseurs ?
Nous sommes attentifs à plusieurs choses dans le processus de recrutement : il faut une certaine expertise, une certaine capacité d’investissement, mais surtout un état d’esprit. Nous ne sommes pas là pour faire de l’argent, même si, bien sûr, nous sommes contents s’il nous arrive d’en faire. Le moteur essentiel, c’est d’avoir un impact. Nous sommes aujourd’hui 120 membres, nous sommes le plus grand réseau européen dans le secteur, et nous souhaitons continuer à grandir.
Faites-vous, dans vos décisions d’investissement, une différence entre les innovations technologiques et les innovations organisationnelles ?
Oui. Sur une biotech, nous allons nous focaliser sur les questions de propriété intellectuelle, de qualité scientifique de l’équipe… Sur la santé numérique, en revanche, nous allons nous focaliser sur la capacité de déployer l’innovation sur une échelle significative, et de manière rapide.
Dans quels domaines pensez-vous avoir eu un impact sur l’innovation ?
Je pense à des sujets comme les déserts médicaux, le handicap, le maintien à domicile, l’accompagnement des patients dans leur parcours de soins… Nous avons aussi beaucoup de projets dans le domaine des neurosciences, sur la maladie de Parkinson, la maladie d’Alzheimer…
Quels sont les freins à l’innovation que vous avez pu observer dans le secteur de la santé ?
Il y a un véritable problème d’accès au financement pour les sociétés innovantes. Nous sommes sélectifs, et sommes heureux d’investir dans une dizaine de sociétés innovantes tous les ans, mais nous pensons qu’on peut encore développer le développement des business angels dans le secteur de la santé. Si au lieu d’être 120, nous étions 200, nous aurions une plus grande capacité d’instruction, et notre force de frappe serait meilleure. J’en profite donc pour souligner que si davantage de médecins souhaitent nous rejoindre, leurs compétences sont les bienvenues !