Il n’y a pas qu’à l’hôpital que le manque de médecins se fait sentir. Selon un rapport du Sénat, 30 % de la population française vivrait aujourd'hui dans un désert médical et 11 % des Français de 17 ans et plus n’ont pas de médecin traitant.
Conditions d’installation favorables
Face à ce recul de la présence médicale en France, des élus de communes et de départements ont emprunté le modèle des centres de santé salariés pour inciter des médecins à s’installer sur leur territoire. Ce modèle est pour beaucoup dans la croissance du secteur ces dernières années : on comptait environ 1 500 centres de santé en 1995, pour plus de 2 500 aujourd’hui, quelque 800 disposant d'une offre en médecine générale.
Ce système qui a permis à « 30 000 habitants de Saône-et-Loire de retrouver un médecin traitant » selon André Accary, président (LR) de ce département où « 50 % des médecins avaient atteint l’âge de la retraite » en 2018, date à laquelle un premier centre de santé a été ouvert sur ce territoire. La formule séduit les médecins, car en plus d’un revenu fixe, elle offre des conditions d’exercice favorables, vante l'édile. En Saône-et-Loire, les centres de santé possèdent « une salle de petite urgence, des cabinets de consultation, un accueil avec secrétariat » précise André Accary. Et une salle de réunion pour le travail en équipe et le partage d’expérience ».
Ces conditions de travail séduisent des profils variés de médecins allant « du jeune médecin qui rentre dans la carrière, au médecin en fin de carrière » détaille Claire Peigné maire de Morancé et co-présidente de la commission santé de l’Association des maires de France (AMF). Ils peuvent en effet dégager du temps médical en se déchargeant des tâches administratives. Ils peuvent surtout côtoyer d’autres professionnels de santé. Un environnement interpro sollicité par les médecins puisque, selon une étude de la Drees, quatre médecins généralistes sur dix exercent dans un cabinet pluriprofessionnel. C’est pourquoi, en plus des généralistes, « on commence aussi à avoir des spécialistes comme des gynécologues, des pédiatres, des cardiologues ou encore des dermatologues » précise André Accary. La mesure la plus efficace a été de recruter des infirmiers en pratiques avancées qui permettent de dégager du temps médical ».
Agir à plusieurs échelons
Les élus s’investissent pour accompagner la dynamique et gérer la pénurie de médecins et la promotion des territoires. « Les médecins doivent prendre goût à nos territoires tôt dans leurs études » s’exclame Frédéric Chéreau, le maire de Douai et deuxième co-président de la commission santé de l’AMF qui estime par ailleurs que le système de formation centré sur les CHU n’incite pas suffisamment les jeunes médecins à sortir des grandes villes. « C’est à l’échelle du département qu’il faut recenser toutes les forces mobilisables » estime Claire Peigné. Cet échelon « évite les inégalités entre les villes et les communes rurales » qui ne disposent pas des mêmes moyens pour encourager les installations confirme André Accary.
Du côté des communes, « notre valeur ajoutée réside dans l’accompagnement économique et familial » précise Frédéric Chéreau, mais aussi dans le domaine de la santé publique, la prévention, l’éducation à la santé et la diffusion de messages. « Mais c’est à l’État d’assumer la politique générale de santé, le financement du système de santé ou encore la cartographie médicale » conclut le maire de Douai.
Article suivant
Postes vacants : les hôpitaux tentent de colmater
De plus en plus de médecins salariés dans les territoires
Postes vacants : les hôpitaux tentent de colmater