Hypogonadisme gonadotrope

Des formes congénitales mais aussi acquises

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Publié le 24/03/2023
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Une étude a permis de mieux cerner les formes acquises d’hypogonadisme gonadotrope, qui diffèrent largement des formes congénitales. Le déficit est bien plus tardif, moins sévère, pas nécessairement isolé et ne se déclare pas sur les mêmes signes cliniques.
La perte de libido est le premier signe d’appel

La perte de libido est le premier signe d’appel
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

« L’hypogonadisme gonadotrope auquel on pense spontanément est celui d’origine congénital. Il est parfois décelable dès la naissance, au vu d’un micropénis, d’une cryptorchidie. Mais il est le plus souvent découvert à la puberté, celle-ci ne se déclenchant pas », rappelle le Pr Jacques Young (CHU Bicêtre, AP-HP). Aujourd’hui, une cinquantaine de gènes ont été identifiés. Parmi eux, certains sont liés à des formes héréditaires transmissibles, mais pas tous. « Le déficit hormonal est en général profond. L’infertilité est spontanée, avec une aménorrhée primaire et une absence de spermatogenèse. Ces personnes nécessitent un traitement à vie par hormones sexuelles. Celui-ci va induire la puberté, mais ne corrige pas la fertilité. Il existe cependant des traitements spécifiques permettant de la rétablir, c’est d’ailleurs l’une des seules causes de stérilité réversibles chez les hommes (elle l’est aussi chez les femmes), avec un très bon pronostic », résume le Pr Young.

Surtout après la puberté

Dans l’hypogonadisme gonadotrope non congénital, le déficit hypophysaire apparaît dans la très grande majorité des cas après la puberté. L’origine en est souvent une tumeur hypophysaire bénigne. Ces formes sont moins bien connues. « Nous avons étudié une cohorte masculine, afin d’examiner les différences entre ces formes congénitales et celles acquises (1) », indique le Pr Young.

L’analyse montre que l’hypogonadisme gonadotrope acquis est apparu dans 90 % des cas après une puberté normale, souvent au-delà de 20, 30, voire 40 ans. Alors que, près de la moitié des formes congénitales sont diagnostiquées avant la puberté, et les autres juste après.

Les signes cliniques d’appels sont ici essentiellement la perte de libido. Quand, dans les formes congénitales, on a plus de 20 % de cryptorchidies et des micropénis. La réduction du volume testiculaire, quasi systématique dans les formes congénitales, n’est retrouvée que dans un tiers des formes acquises.

En outre, le déficit en LH, FSH, testostérone, est souvent non isolé. On observe fréquemment, dans ces formes acquises, un déficit hypophysaire plus global. C’est pourquoi le second motif de découverte est l’insuffisance antéhypophysaire, menant à une insuffisance surrénalienne d’origine haute, avec un cortisol effondré.

Une troisième circonstance de découverte sont des troubles visuels déclenchant une IRM mettant en évidence une tumeur, quand les signes cliniques sexuels sont frustres.

Ces tumeurs bénignes représentent la majorité des cas, même s’il existe d’autres étiologies comme les lésions inflammatoires ou les carences nutritionnelles liées à une anorexie mentale.

La problématique de la fertilité est, elle aussi, bien moins prégnante. « Dans notre cohorte, près de 70 % des hommes avaient pu avoir un enfant sans traitement. Le déficit est moins sévère, la testostérone est basse mais il y a une certaine persistance de la spermatogenèse. Sans compter que nombre d’entre eux ont enfanté avant », explique le Pr Young.

Exergue : « Le déficit hypophysaire est plus global »

Entretien avec le Pr Jacques Young (Paris)

(1) J Young et al. Endocrine Reviews 2019;40:669-710

Pascale Solère

Source : Bilan Spécialiste