Jean, 60 ans, vient sur la Côte Vermeille pour quelques semaines. Malheureusement, ce dernier consulte car il a présenté un problème de lucite. Profitant de cette consultation, il nous montre des lésions annulaires et nodulaires au niveau de la face dorsale de ses mains. Ces lésions sont apparues 8 mois plus tôt, et pensant à une origine fongique ou à un eczéma, il a reçu des corticoïdes et des antifongiques en topiques. Malheureusement, ces lésions indolores persistent, et deviennent de plus en plus inesthétiques.
Cette affection est une dermatose chronique asymptomatique d’aspect granuleux, et touchant le derme. Le granulome annulaire touche deux fois plus les femmes que les hommes, et près de 70 % des patients atteints ont moins de 30 ans. L’origine de cette pathologie n’est pas connue, mais une corrélation entre une forme disséminée (même si elle est rare) et un diabète a été établie.
ASPECT CLINIQUE
Il s’agit de papules fermes, bien délimitées, de couleur chair ou, comme dans notre situation, violacées. Ces formations sont groupées en anneaux et leur développement s’effectue de manière centrifuge. Le centre des lésions apparaît tout à fait sain ; les bordures donnent l’aspect d’un bourrelet plus ou moins épais.
Progressivement (en plusieurs mois), les anneaux fusionnent et donnent une plaque annulaire dont le diamètre varie de 0,5 à 10 cm. Le granulome est asymptomatique (absence de douleur ou de prurit). On retrouve cette dermatose sur les faces latérales et dorsales des doigts, sur le dos des mains et des pieds, les faces d’extension des bras, et les jambes. On objective également ces formations au niveau des articulations.
FORMES CLINIQUES
Forme à grandes plaques pigmentées. Elles sont souvent assimilées à des nécroses lipoïdiques disséminées. Ces deux dermatoses peuvent être associées.
Forme éruptive. Elle est rencontrée chez des personnes ayant une immunosuppression .
Forme photosensible au niveau des zones découvertes. Une forme particulière (granulome actinique d’O’Brien) se caractérise par des lésions annulaires infiltrées circinées,et ayant un caractère migrateur vers les zones photoexposées de la face et du cou. Au niveau histologique on objective des caractères spécifiques d’élastophagie. Certains auteurs pensent que cette forme ne doit pas être considérée comme un granulome annulaire.
Forme avec atteinte des fascias et des tendons. Dans ce cas, une sclérose en regard de ces lésions peut survenir et devenir une source non négligeable de handicap.
Formes miliaires disséminées. Elles ne sont repérées que par analyse anatomopathologique (élimination transépidermique d’un matériel nécrobiotique dermique : granulome annulaire perforant).
Forme profonde nodulaire ou pseudo-tumorale.
DIAGNOSTICS DIFFÉRENTIELS
La dermatophytie circinée à dermatophytes. Dans ces cas les lésions présentent souvent un aspect squameux. Le bord peut comporter des papules rouges surélevées, mais le plus souvent il ne s’agit pas d’un bourrelet aussi épais que pour le granulome annulaire. La zone centrale peut comporter des papules. Enfin, cette dermatose (si elle est étendue) peut être prurigineuse.
L’eczéma nummulaire. La lésion se présente comme une plaque limitée homogène avec des éléments squameux, et sans bourrelet périphérique. On trouve cet eczéma au niveau du tronc et des extrémités.
La nécrose lipoïdique. Elle est associée dans 80 % des cas au diabète. Les lésions sont nodulaires bilatérales et siègent au niveau de région prétibiale.
ÉVOLUTION
Elle reste très imprévisible. Certaines formes guérissent dans un délai qui varie de quelques mois à plusieurs années (deux ou trois le plus souvent). Certains auteurs ont démontré que 50 % des patients présentent une guérison au bout de 2 ans. Cependant près de 40 % d’entre eux notent une récidive au même endroit.
Il semblerait qu’un traumatisme des lésions favorise une régression de ces dernières (rôle des cytokines ?).
TRAITEMENT
Les formes minimes et asymptomatiques restent le plus souvent sans traitement. Pour les formes plus importantes, il est possible de recourir aux dermocorticoïdes en occlusion ou sous pansement hydrocolloïdes.
Certains auteurs préconisent le recours à l’acétonide de triamcinolone au niveau des bourrelets. Cette administration favorise des rémissions, mais peut conduire au développement d’atrophie cutanée.
D’autres équipes recommandent (sans qu’une évaluation objective ne soit effectuée) le recours à la dapsone, l’isotrétinoïne, la niacinamide, l’hydroxychloroquine.
À côté de ces traitements, la cryothérapie ou la Puvathérapie sont parfois proposées ; la dernière étant préconisée pour les formes très étendues.
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