Attractivité à l'hôpital : la suppression des trois premiers échelons sème le trouble chez les PH

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Publié le 04/09/2020
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Crédit photo : S.Toubon

C'est l'une des mesures phares du Ségur de la santé d'Olivier Véran, reprise du plan hôpital d'Agnès Buzyn. Conçue pour attirer – et conserver – les jeunes médecins à l'hôpital, la suppression des trois premiers échelons de la grille salariale des praticiens hospitaliers (PH) mécontente plusieurs syndicats, qui dénoncent même une « arnaque » et « un grand coup de communication » du ministère. Ils reprochent à leur tutelle de favoriser l'entrée de carrière des primo-nommés, au détriment des PH déjà en poste. 

C'est la publication au mois d'août d'une note explicative de la direction générale de l'offre de soins (DGOS, ministère) qui a mis le feu aux poudres. La DGOS y explique l'impact de cette mesure sur les salaires des quelque 2 800 PH primo-nommés chaque année à différents échelons – selon leur ancienneté professionnelle. Les premiers praticiens nouvellement nommés de 2020 prendront leur poste à partir du 1er octobre. 

Iniquité ? 

La suppression des trois premiers échelons appliquée aux nouveaux PH nommés a des répercussions par effet d'escalier.

Dans les faits, un PH lauréat du concours après l'entrée en vigueur du texte avec seulement un an d'expérience sera classé à l'échelon 1, qui correspond à l'échelon 4 de l'ancienne grille. Il gagnera 4 411 euros brut par mois (le même salaire qu'un PH déjà en poste à l'ancien échelon 4 avec six ans d'ancienneté). 

Un autre PH primo-nommé avec deux ans d'expérience sera classé à l'échelon 2 (ex-échelon 5) pour 4 607 euros brut mensuels. À ancienneté égale, c'est 196 euros de plus qu'un PH déjà en poste... Un dernier PH primo-nommé qui afficherait, cette fois, 10 ans d'expérience professionnelle avant d'être nommé à l'hôpital entrera dans la nouvelle grille à l'échelon 6 (ex-échelon 9) pour 5 645 euros brut mensuels. Un PH à l'hôpital depuis 10 ans perçoit aujourd'hui 5 280 brut mensuels.  

La réforme prévoit également que les primo-nommés perçoivent sans attendre les traditionnels 12 mois probatoires la prime d'indemnité de service public exclusif (IESPE, de 1 010 euros brut mensuels à partir du 1er mars 2021).

Les anciens lésés ? 

La centrale Action praticiens hôpital (APH) ainsi que les syndicats Jeunes médecins et SNPHARe s'agacent de la différence de traitement entre les primo-nommés et les PH déjà en poste, dans un monde « où les plus anciens voient leur travail moins valorisé que les plus jeunes ».

Pour eux, la création de trois échelons bonifiés en fin de carrière (deux échelons de fin de grille de 5 000 euros et un autre de 7 000 euros brut annuels sur des durées de 4 ans) prévue dans le Ségur n'adoucit pas les choses, l'accès à ces salaires n'intervenant « qu'à l'âge de la retraite ».

C'est pourquoi ils réclament le « reclassement de l'ensemble des praticiens hospitaliers avec +4 années d'ancienneté, comme c'est le cas pour les PH néo-nommés […], avec la prise en compte de l'intégralité de l'ancienneté des PH, et l'harmonisation des grilles de PH anciennement et nouvellement nommés. »

Rabot

Un autre point agace les syndicats, qui soulignent que la pratique courante consiste déjà à embaucher les jeunes praticiens au 4e échelon majoré de 10 %. De fait, moins de 700 PH sont répartis sur les trois premiers échelons actuels. C'est 1,5 % des 45 000 médecins hospitaliers en exercice. Pour eux, la réforme prévoit un reclassement au nouvel échelon 1, sans reprise d'ancienneté. 

Enfin, 2 579 PH sont aujourd'hui classés au 4e échelon (5,9 % du corps professionnel). « Les représentants syndicaux que nous sommes ont fait remarquer que certains de nos jeunes collègues risquaient de perdre 10 % de leur traitement dans cette nouvelle rémunération », avancent les syndicats mécontents.


Source : lequotidiendumedecin.fr