Santé au travail

À La Poste, les médecins sous pression

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Publié le 15/10/2018
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Crédit photo : AFP

Tandis que les partenaires sociaux s'apprêtent à ouvrir une négociation avec le gouvernement sur la santé au travail, deux médecins du travail du groupe La Poste ont témoigné des conditions d'exercice dans l'entreprise lors d'un colloque de la Fédération « Communication - La Poste » du syndicat Force Ouvrière (FO).

Selon eux, alors que la souffrance au travail est parfois grande chez les salariés du groupe (à l'instar d'autres secteurs), l'image d'Épinal du fonctionnaire leur colle encore à la peau. « Nous travaillons en lien avec les médecins-conseils de l'assurance-maladie, et surtout les médecins traitants. Or, certains de ceux-ci s'imaginent encore que c'est une entreprise où on ne fout rien. Mais de profondes mutations ont eu lieu, ils n'imaginent pas les contraintes subies par les agents ! », souligne le Dr Etienne Moulin, responsable du service de santé au travail de La Poste à Albi (Tarn).

Spécialité sinistrée

Les salariés de La Poste ne sont pas épargnés par les pathologies professionnelles comme les troubles musculo-squelettiques (TMS), constate le Dr Jean-Michel Le Sceller, médecin du travail au siège du groupe à Paris. Le taux d'absentéisme pour maladie à La Poste est de 6,9 % en 2017, en augmentation. Des problématiques difficiles à traiter au regard de la pénurie médicale. « La médecine du travail est complètement sinistrée ! » s'inquiète-t-il. « Il y a beaucoup de postes à pourvoir dans la spécialité, mais s'il n'y a pas de médecins du travail en interne, La Poste doit normalement se rapprocher des services de santé au travail locaux », complète le Dr Moulin.

« Dans la Nièvre, confirme une salariée syndiquée, nous n'avons aucun médecin du travail alors que plusieurs collègues souffrent de maux de dos, de problèmes d'articulation et, n'ayant pas de postes aménagés, travaillent dans des positions inadaptées à leur état de santé. »

La France compte 5 000 médecins du travail pour environ 25 millions de salariés. Selon les projections de la DREES (ministère), ils ne seront plus que 4 000 en 2024.

Au niveau national, indique l'assurance-maladie, plus de 10 000 affections psychiques ont été reconnues en 2016 au titre d'accidents du travail (1,6 % des accidents du travail), soit 20 fois plus que les maladies professionnelles. 

FO souhaite œuvrer sur ses sujets. Son secrétaire général, Pascal Pavageau, demande la mise en place d'une meilleure prévention des risques professionnels. Il assure qu'il mettra « toute son énergie » dans la prochaine négociation avec le gouvernement sur la santé au travail.

Marie Foult

Source : Le Quotidien du médecin: 9694