Médecins en détresse : les témoignages vidéo pour combattre le « syndrome superman »

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Publié le 29/11/2022

Crédit photo : DR

C'est une nouvelle initiative pour encourager le nombre croissant de médecins en détresse à demander de l’aide, dans un contexte où les unités de prise en charge et dispositifs de soutien dédiés se multiplient. Le Groupe Pasteur Mutualité (GPM) lance une série de témoignages vidéo de médecins en souffrance pris en charge par le dispositif de prévention et d’accompagnement du Programme M.

Créé par la Villa M et l’association Programme santé globale des médecins en septembre 2021, ce dispositif gratuit et confidentiel s’articule sur une série d’échanges de pair à pair avec des médecins-intervenants. Ceux-ci réalisent une évaluation globale et personnalisée des professionnels, avant de construire un plan d’intervention adapté. Le Programme M s’inspire du Programme d’aide aux médecins du Québec (PAMQ) qui vient en aide à plus de 1 600 médecins et étudiants en médecine québécois chaque année.

Lutter contre le « syndrome superman »

Les témoignages vidéo visent à donner à voir la diversité des difficultés rencontrées par un grand nombre de soignants. C’est aussi une manière de montrer que des solutions existent pour les accompagner, « les sortir d’un isolement bien souvent destructeur ou mortifère », précise l’équipe de la Villa M. Les spots ont aussi vocation à combattre le « syndrome superman » qui toucherait de nombreux professionnels de santé « qui prennent quotidiennement soin des autres mais délaissent leurs propres souffrances ».

Sobres et réalistes, ces témoignages en noir et blanc portés par une voix off s’appuient sur des situations vécues. À l’image de celui de Sophie, une médecin généraliste de retour dans son cabinet, huit mois après avoir été diagnostiquée d’un cancer du sein. 

La reprise du travail sera particulièrement difficile : elle enchaîne les consultations à un rythme élevé, « de façon mécanique, sans empathie, sans intérêt » se sent « débordée par tout, tout le temps ». Sophie n’a alors plus le même regard sur son métier, devient malgré elle « cassante », parfois même avec des patients suivis depuis vingt ans.

Souffrance et charge mentale en hausse

Un autre spot est tiré du témoignage de Guillaume, un interne en stage en réanimation. Suite au décès d’un patient aux urgences, celui-ci a le sentiment d’avoir failli. Le professionnel se sent « responsable » et « coupable », se dit qu’il est un « mauvais médecin », un « usurpateur » sur qui on ne peut pas compter. Un événement qui a participé à bouleverser sa vie professionnelle et conjugale.

Ces médecins sont loin d’être les seuls à être en difficulté. Menées pendant la crise sanitaire, des études récentes ont ainsi mis en évidence une prévalence d'anxiété et de symptômes anxieux (30 %) chez les soignants mais aussi de dépression et de symptômes dépressifs (31 %). D’autre part, plus de la moitié des médecins hospitaliers était en burn-out et un tiers en dépression à l’issue de la 3e vague de Covid.

Que cela soit à l’hôpital ou en libéral, les conditions d’exercice ont « totalement changé », estime le Dr Bertrand Mas-Fraissinet, président de l’association Programme santé globale des médecins. La pression, le stress et la charge mentale « pèsent de plus en plus sur chaque professionnel », dit-il. D’où l’importance selon lui de « pouvoir être accompagné face aux difficultés ».


Source : lequotidiendumedecin.fr