Présidentielle : les médecins réanimateurs réclament un parc de 7 500 lits de réa « immédiatement mobilisables »

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Publié le 07/04/2022
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Crédit photo : S.Toubon

Le Conseil national professionnel de médecine intensive et de réanimation (CNP, qui regroupe enseignants, jeunes, médecins du public et du privé et la société française) s'est à son tour plié à l'exercice de la plateforme de propositions à destination des candidats à la présidentielle. Il a récemment dévoilé ses « propositions d'urgence pour des services de réanimation résilients et pérennes », tout en dressant un état des lieux du secteur.

Si les services de réanimation se sont révélés cruciaux pendant la pandémie, celle-ci a également mis en lumière leurs difficultés structurelles, qui ont depuis fait l'objet d'un rapport de la Cour des comptes, puis de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas). Avec un taux d'occupation moyen de 88 % (patients Covid ou non) – alors qu'il ne faudrait pas dépasser 80 % selon les sociétés savantes – ils sont « en tension » quasi permanente, indique le CNP.

Avec un peu plus de 5 000 lits de réanimation stricto sensu (avant la pandémie), soit 7 lits pour 100 000 habitants, la France est par ailleurs « sous-dotée ». Début mars, le ministère de la Santé a annoncé 1 000 lits en plus – en fait la réouverture de 500 lits de réanimation déjà autorisés mais fermés faute de personnels et de 500 autres « post-réanimation ». La profession demande, elle, de mettre en œuvre « les conditions techniques et réglementaires » de l'élasticité de l’offre de réanimation et d'équiper en matériel les 2 500 lits de surveillance continue adossés aux réanimations, afin d'atteindre un parc de 7 500 lits « immédiatement mobilisables » en cas de situation sanitaire exceptionnelle.

Réforme du régime d'autorisation

Le secteur plaide aussi pour achever la réforme du régime d’autorisations des soins critiques, avec des conditions de fonctionnement harmonisées (notamment sur les ratios de patients par paramédicaux en réanimation, en soins intensifs et surveillance continue).

Par ailleurs, les services de réanimation sont en manque d'effectifs, rappellent ses représentants. Ils ont fait leurs calculs : pour faire tourner les 7 500 lits demandés, il faudrait 5 000 médecins réanimateurs en France (10 ETP pour 15 lits). Or aujourd’hui, un peu plus de 2 000 médecins exercent la réanimation « de manière exclusive », c’est-à-dire sans pratiquer l'anesthésie à côté. « Il manque donc plusieurs milliers de réanimateurs pour assurer un fonctionnement des services sécurisé et respectueux de la qualité de vie au travail, en accord avec les recommandations européennes », estime le CNP, rappelant que 330 postes étaient vacants au printemps 2021, auxquels s’ajoutent plus de 300 départs à la retraite dans les cinq ans à venir. Près d'un tiers des services fait par ailleurs appel à des intérimaires.

Le nombre d'internes est donc insuffisant, juge la profession. La spécialité de médecine intensive et de réanimation (MIR) a été créée en 2017 pour « sécuriser les recrutements de réanimateurs » mais seuls 95 internes sont formés par an dans la spécialité, regrette la profession. Cela vient peser sur la charge de travail des équipes actuelles : les réanimateurs sont de garde de nuit en moyenne « tous les cinq jours » et travaillent « un week-end sur deux » en plus de leur travail quotidien.

Ouvrir 150 postes par an

Le CNP propose donc d'augmenter immédiatement et durablement le nombre d’internes formés à la MIR, en ouvrant 150 postes par an pendant cinq ans. Le ministère visait plutôt 400 postes en plus sur dix ans… à répartir entre réanimateurs et anesthésistes-réanimateurs, deux spécialités à part à l'internat. Il est également demandé de reconnaître « immédiatement » la spécialité comme « en tension », avec des conditions de recrutement et une prime d’engagement dans la carrière hospitalière. Une réforme de l’attractivité de la permanence des soins est également souhaitée avec un nouveau financement et la prise en compte de la pénibilité.

Enfin, la reconnaissance d’un statut d’infirmier en réanimation spécifique avec une reconnaissance salariale et la création d'un master ad hoc, et une quantification des besoins de réanimation adulte et pédiatrique dans chaque région (y compris en outre-mer) sont également réclamées par le CNP.


Source : lequotidiendumedecin.fr