Cancer, diabète, Parkinson : généralisation de trois nouveaux protocoles de coopération impliquant des infirmières

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Publié le 16/05/2022
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Crédit photo : PHANIE

Si les délégations de tâches ont parfois le don de hérisser une partie du corps médical, les protocoles de coopération, eux, passent beaucoup mieux. Peut-être aussi parce que ces dispositifs issus de loi Bachelot de 2009 – et revisités par la loi Buzyn de 2019 – sont beaucoup plus cadrés.

Mucites chez les patients soignés pour cancer, suivi des diabétiques et traitements des parkinsoniens : trois nouveaux protocoles impliquant la profession infirmière sont généralisés via des textes parus au « Journal officiel » ce week-end. En effet, après avis du Collège de la Haute Autorité de santé (HAS), un protocole de coopération, initialement expérimenté régionalement, peut être autorisé sur tout le territoire après publication d’un arrêté ministériel.

Le premier de cette série de protocoles nationaux permettra à un infirmier ou un manipulateur d'électroradiologie médicale de réaliser, à la place d'un médecin, des séances de laser basse énergie pour la prévention et le traitement des mucites buccales dues à une chimiothérapie ou une radiothérapie chez les patients traités pour un cancer. Ce protocole avait été expérimenté en Normandie, au Centre de lutte contre le cancer Léon Becquerel, et approuvé par la HAS en 2018. Désormais généralisé à tout le territoire, il permet à l'infirmière d'évaluer la mucite, de la traiter par laser et de décider de l'arrêt des séances à la guérison après avoir informé le médecin.

Moins d'hospitalisations inutiles

Dans le deuxième dispositif autorisé sur tout le territoire, l'infirmier pourra, à la place du médecin, suivre des patients diabétiques traités par insuline munis d'un carnet glycémique électronique et les surveiller par télémédecine. Ce protocole avait été expérimenté en Île-de-France à partir de 2013. Il prévoit notamment que l'infirmier justifie de trois ans d’exercice en service de diabétologie ou dans des services de prise en charge de patients atteints de maladie chronique ainsi que d'une formation supplémentaire de 280 heures.

Enfin, le dernier protocole concerne la prise en charge des patients parkinsoniens traités par stimulation cérébrale profonde (SCP). Ainsi, l'adaptation des réglages de stimulation à partir des évaluations motrice, comportementale et psychosociale pourra être réalisée par un infirmier à la place d'un médecin. Il avait été expérimenté à partir de 2015 dans la région Midi-Pyrénées. La HAS avait notamment considéré que cette coopération permettrait aux neurologues de réduire le nombre de consultations et d'hospitalisations non justifiées en maintenant un suivi clinique régulier des patients.

Protocoles confortés

Dans tous les cas, les structures d'emploi ou d'exercice sont tenues de déclarer auprès de l'agence régionale de santé (ARS) territorialement compétente chaque membre de l'équipe volontaire.

En janvier dernier, un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), remis au ministre de la Santé, avait conforté les protocoles de coopération tout en préconisant de « mieux les caractériser » afin de nettement les différencier de la pratique avancée, « porteuse de ses propres spécificités ». La mission avait confirmé l’intérêt de « protocoles de coopération transversaux entre ville, hôpital et secteur médico-social ». Ces derniers avaient été promis dans la proposition de loi Rist, adoptée en avril 2021.


Source : lequotidiendumedecin.fr