Congé maternité des cheffes de clinique : deux poids, deux mesures suivant la date de l'arrêt, dénonce Jeunes Médecins

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Publié le 22/04/2022

Crédit photo : S.Toubon

En décembre dernier, les femmes enceintes cheffes de clinique des universités-assistantes (CCA) des hôpitaux avaient obtenu une avancée de taille mais qui, en fin de compte, en laisse quelques-unes sur le carreau, alerte aujourd'hui le syndicat Jeunes médecins. En effet, à la faveur d’un décret publié le 13 décembre, le congé maternité des CCA est désormais comptabilisé dans la période de leur clinicat, car « il est assimilé à des périodes d’exercice effectif des fonctions », se félicite le syndicat Jeunes Médecins. Auparavant, un congé maternité - mais aussi un arrêt maladie ou de simples congés annuels - n’était pas décompté des deux ans nécessaires pour obtenir le titre d’ancien chef de clinique, prolongeant d’autant la période.

Douche froide

En congé maternité depuis août 2021, la Dr Pauline Jaume, cheffe de clinique au service de médecine physique et réadaptation du CHU de Tours, apprend à son retour en décembre 2021 que son clinicat ne serait plus décalé du temps de son congé maternité. « J'ai trouvé ça super », se réjouit-elle. Sauf que, rapidement, c’est la douche froide. Son administration et sa faculté l’informent qu’elle n’est finalement pas concernée par cette avancée. Une déception.

« Celles qui auront eu un congé de maternité avant la parution de ce décret ne se verront pas appliquer ces nouvelles dispositions, tandis que les plus « chanceuses », c'est-à-dire celles qui auront eu leur congé après le 13 décembre bénéficieront de ces mesures plus favorables et acquerront ainsi le titre d'ancien chef de clinique au bout de deux ans sans nécessité de prolonger leur clinicat », détaille Jeunes Médecins, qui dénonce le 19 avril un « un couac incompréhensible pour les cheffes de clinique ».

Disparités sur le terrain

Après avoir obtenu avec succès son concours de praticien hospitalier, la Dr Jaume devait prendre son poste en novembre 2022. « Mais mon clinicat sera finalement décalé de 4 mois, je ne prendrais mon poste de PH que fin mars », regrette-t-elle, anticipant « un impact sur le salaire mais aussi sur la qualité de vie, car en tant que chef de clinique nous n’avons, par exemple, pas de RTT, ce n’est pas un statut idéal avec une vie de famille », déplore Pauline Jaume.

La position de non-rétroactivité des textes prise par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche « est encore plus incompréhensible qu'elle n'est pas appliquée à juste titre pour les assistantes spécialistes (AS) qui elles aussi bénéficient de dispositions similaires », souligne Jeunes Médecins. Sur le terrain, le syndicat a en effet constaté que tous les hôpitaux - sauf un - ont accepté d’appliquer ces avancées aux assistances spécialistes.

« Comment expliquer ces deux poids - deux mesures ? Aucune explication plausible ne peut être avancée hormis le manque de coordination entre les ministères. Il est inacceptable qu'il y ait une telle différence de traitements entre les statuts ! », s’insurge Jeunes Médecins.

Égalité de traitement

« C’est frustrant, j’ai un sentiment d’injustice », souffle Pauline Jaume, qui regrette que « le statut de chef de clinique soit si mal considéré ». Par exemple : « nous n’avons pas le droit au congé parental. Pourquoi ? On ne sait pas… C’est dommage que les situations soient si inégales entre les statuts », poursuit la cheffe de clinique, qui apprécie pourtant le volet enseignement de son poste.

Après avoir déjà alerté le ministère sur le sujet en février, Jeunes Médecins réitère sa demande d’application du décret pour toutes les femmes enceintes, « dans un strict souci d’égalité de traitement ».


Source : lequotidiendumedecin.fr