Maternités : un paysage recomposé... et un nouveau forfait

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Publié le 19/12/2019
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Crédit photo : S. Toubon

Tourcoing, Privas, Thann, Altkirch, Guingamp, Dinan, Creil, Bar-Le-Duc, Bernay…

Après la fermeture de la maternité du Blanc à l'automne 2018, le mouvement de concentration de l'activité obstétricale a continué en 2019. Une dizaine d'établissements publics à petite activité ont perdu leur autorisation de façon partielle ou temporaire, provoquant une vive contestation des patients et des élus. Pas un mois ne s'est passé sans que les réseaux sociaux ne relayent une « marche blanche », un « banquet des assassins », un « appel à l'aide » pour dénoncer cette restructuration. 

Tout au long de l'année, Agnès Buzyn a dû justifier sa politique. Le sujet ne relève pas du « financier, mais de la démographie médicale ». « Nous n'avons pas les professionnels pour faire tourner les maternités. On manque d'anesthésistes, de pédiatres, de médecins, d'infirmiers de blocs opératoires », a-t-elle expliqué. 

Dans la ville du ministre Gérald Darmanin, à Tourcoing, les accouchements ont été suspendus le 25 septembre. D'autres maternités de proximité ont été directement transformées en centre périnatal de proximité (Privas, Le Blanc), sans bloc opératoire. 

Votée en juillet 2019, la loi de santé d'Agnès Buzyn prévoit d'un côté la labellisation de 500 à 600 hôpitaux de proximité (sans chirurgie ni maternité) et, de l'autre, un nouveau régime des autorisations d'activités de soins… Face à la crainte des petites structures d'être prises en tenaille, Agnès Buzyn a tenté d'apaiser les tensions en annonçant dès avril la création d'un « engagement maternité » pour les femmes habitant à plus de 45 minutes d'un lieu de prise en charge obstétricale. Dans ce pack : le remboursement par la Sécu du transport sécurisé vers la maternité, de l’hébergement à proximité de la maternité et de toutes les consultations de la grossesse à domicile. Agnès Buzyn veut aussi « contractualiser avec des sages-femmes libérales qui pourraient accompagner 24 heures sur 24 les parturientes, dans les ambulances par exemple »

Cette promesse s'est concrétisée à l'automne dans le budget Sécu pour 2020. 60 000 femmes pourraient être concernées par cette mesure chiffrée à 10 millions d'euros la première année.

Selon la DREES (ministère), le nombre de maternités est passé de 814 en 1996 à 498 en 2016. Les établissements assurant plus de 2 000 accouchements par an représentent aujourd'hui 40 % du parc alors qu'ils n'étaient que 5 % il y a 20 ans.

A.B.-I.

Source : Le Quotidien du médecin