Hôpital : appel unitaire à une nouvelle journée nationale de mobilisation mardi 11 janvier

Publié le 10/01/2022

Crédit photo : S.Toubon

« La crise sanitaire ne doit pas camoufler les problèmes de fond de l’hôpital », a martelé ce lundi Mireille Stivala, secrétaire générale de la CGT Santé, lors d'une conférence de presse intersyndicale (Amuf, CGT, CFE-CGE-CGC, SUD, Le Printemps de la psychiatrie, collectifs Inter-Hôpitaux, Inter-Urgences et Inter-Blocs), à la veille d’une nouvelle journée d'action nationale de défense de l’hôpital public. Des manifestations sont ainsi prévues demain dans toutes les régions de France, notamment à Paris où le point de départ a été fixé à 13 heures à côté du métro Port-Royal, à proximité de l'hôpital Cochin, en présence de Philippe Martinez, le leader de la CGT.

Pour la Dr Emmanuelle Seris, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf) et médecin urgentiste dans le Grand Est, de nouvelles journées de mobilisation s’imposent car les organisations n’ont « pas du tout été entendues par les politiques »

À titre d’exemple, suite à la manifestation du 4 décembre dernier, la réponse du ministère a été jugée « décevante » par l’Amuf qui a déploré une « absence d’écoute », voire une « négation de la réalité du terrain », puisque le ministère a insisté sur le fait qu’il n’y avait pas de lits fermés, faute de soignants. Or, pour empêcher l’effondrement l’hôpital public, il faudrait pourtant une solution « politique » et « une prise de conscience rapide » des pouvoirs publics, plaide l’urgentiste.

Recrutements et réouvertures de lits

C’est la raison pour laquelle le syndicat affiche encore et toujours les mêmes revendications : améliorer les conditions de travail en revalorisant les effectifs cibles, mieux rémunérer la pénibilité (majoration des nuits et des week-ends), augmenter les salaires des paramédicaux qui figurent toujours à la « 18e place des rémunérations au niveau de l’OCDE », modifier la loi HPST qui a « tué l’accès aux soins égalitaire sur le territoire via un maillage devenu très inégalitaire centré sur les centres universitaires et les CHR », ce qui aurait « tué les activités qui existaient dans les petits hôpitaux », a précisé la Dr Seris.

À ces demandes, s’ajoutent les revendications communes des organisations présentes ce lundi : recrutement immédiat de 100 000 professionnels supplémentaires, réouverture immédiate de lits, arrêt des fermetures de services et d’établissements, plan de formation pluridisciplinaire avec « l’ouverture immédiate d’un grand nombre de places d’étudiants dans les différentes écoles et facultés », etc.

Un plan de formation national ?

Sur le sujet de la formation, le Dr Christophe Prudhomme, urgentiste en Seine-Saint-Denis et délégué CGT, a rappelé qu’il demandait depuis 2019 un plan massif de formation national, pour « pré-affecter » le personnel formé en fonction des besoins définis par les hôpitaux. Car, « si on a la garantie d’avoir dans un an » du personnel supplémentaire, cela permettrait aux agents « d’accepter les heures supplémentaires et de ne pas démissionner ».

Or, aujourd’hui, sur le volet formation, on « laisse chaque hôpital se débrouiller » de son côté, a déploré l’urgentiste, faisant référence au CHU de Bordeaux qui multiplie les dispositifs pour fidéliser les étudiants en formation dans les treize écoles et instituts de formation paramédicaux de la région.

Comme Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), le Dr Christophe Prudhomme considère que l’hôpital public est actuellement pris dans une « spirale infernale », notamment parce que la vague de démissions de soignants « rend le travail beaucoup plus compliqué dans l’ensemble des services ». Il suffit même parfois d’un seul départ pour « entraîner l’effondrement de l’équilibre » d’une équipe, selon l’urgentiste qui a pris l’exemple des urgences pédiatriques de l’hôpital de Delafontaine à Saint-Denis qui ont fermé le 3 janvier en raison d’un manque de personnel paramédical.

« Chasse organisée des soignants » ?

Cette fermeture montre bien que « les urgences continuent à fermer, contrairement à ce que dit le gouvernement », a abondé Pierre Schwob-Tellier, coprésident du collectif Inter-Urgences. Selon l’infirmier de l'hôpital Beaujon « les fermetures de service ne sont pas liées au Covid, mais aux conditions de travail et au manque de personnel ». En effet, malgré le doublement de la rémunération du temps de travail additionnel (TTA) et des heures supplémentaires (majoration de 100 % au lieu de 50 % depuis plusieurs mois), les hôpitaux ont toujours « du mal à trouver du personnel », observe sur le terrain Pierre Schwob-Tellier.


Source : lequotidiendumedecin.fr