La nouvelle charge des médecins « oubliés du Ségur »

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Publié le 15/02/2021
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Crédit photo : S.Toubon

Les « oubliés du Ségur de la santé » n'ont pas fini de donner de la voix. Ce lundi 15 février, pas moins de sept organisations syndicales représentatives des médecins et personnels du secteur privé lucratif et non-lucratif ont à nouveau tiré la sonnette d'alarme pour dénoncer les « injustices » du Ségur de la santé – du nom des accords de juillet ayant abouti à une série de revalorisations salariales. 

Selon eux, les revalorisations signées en juillet pour les soignants de l'hôpital et des EHPAD publics, étendues en octobre aux personnels non-médicaux du privé, puis tout récemment à près de 20 000 agents de la fonction publique (du social et médico-social), laisse toujours au bord du chemin une grande partie des salariés du secteur privé, du privé non lucratif, de même que les médecins coordonnateurs des EHPAD.

« Le Ségur représente une avancée incontestable mais laisse derrière lui des oubliés », a résumé ce lundi le Dr Jean-Paul Zerbib, président de l'Union nationale des médecins salariés (UNMS) de la CFE-CGC Santé Social. Ce secteur représente pourtant « 25 % des EHPAD, 30 % du SSR et 6 % des lits de réanimation », avance-t-il.

40 % d'EHPAD sans médecin coordonnateur

Parmi eux, les médecins coordonnateurs des EHPAD, pourtant en première ligne pendant l'épidémie, font partie des laissés pour compte. Malgré un élargissement de leurs missions avec le suivi des patients contaminés, la vaccination des résidents et des personnels, la situation de cette profession n'a « fait l'objet d'aucune amélioration », explique le Dr Renaud Marin La Meslée, président du Syndicat des généralistes et gériatres intervenant en EHPAD (SNGIE). « C'est une forme d'injustice » alors que « 40 % des EHPAD sont dépourvus de médecins coordonnateurs », avance le praticien. Avec le Dr Pierre-Marie Coquet, président du Syndicat des médecins coordonnateurs en EHPAD généralistes ou gériatres (SMCG-CSMF), ils réclament d'urgence « une reconsidération » du métier.

Un Ségur du public… mais pas de la santé ? 

D'une façon générale, alors que les praticiens du secteur hospitalier public ont bénéficié de mesures ciblées (en début et en fin de carrière, une refonte de la grille au demeurant controversée), les médecins du privé lucratif et du privé non lucratif se sentent lésés. Le Dr Sergine Heckel, gynécologue-obstétricien au centre hospitalier Saint-Joseph Saint-Luc à Lyon et vice-présidente de la CFE-CGC Santé Social, dénonce une « iniquité de traitement » avec les praticiens du public et met en garde contre « une fuite des personnels qui pourrait aller jusqu'à des fermetures de lits voire de services »« Tout le monde a bénéficié du Ségur sauf les médecins et les pharmaciens salariés du privé, il faut un rattrapage de la grille qui est obsolète », abonde Christophe Nambot, président du Syndicat national des pharmaciens gérants hospitaliers (SNPGH).

Toutes ces organisations syndicales regrettent « un Ségur de l'hôpital public et non pas un Ségur de la santé », selon les mots du Dr Emanuel Loeb, président de Jeunes Médecins (JM). Elles demandent en urgence à Olivier Véran l'ouverture de « grandes négociations pour les oubliés ».

Si aucune mobilisation ou journée de grève n'est prévue, les syndicats se réservent la possibilité d'ouvrir un bras de fer juridique avec le gouvernement pour se faire entendre.


Source : lequotidiendumedecin.fr