« Une petite résidence pas très loin de la mer » pour un couple de PH : comment Véran défend le Ségur de la santé devant les sénateurs

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Publié le 24/06/2021

Crédit photo : Public Sénat

La revalorisation de la grille de rémunération des praticiens hospitaliers consécutive au Ségur de la santé permet-elle à un couple de médecins de s'offrir une résidence secondaire en bord de mer ? La question peut paraître ironique mais c'est ce qu'a affirmé Olivier Véran alors qu'il était auditionné, ce mercredi, par la commission des affaires sociales du Sénat.

Devant les parlementaires, le ministre de la Santé a dû faire face à un flot de questions sur une mesure, issue des accords du Ségur signés il y a un an, qui acte la suppression des trois premiers échelons de début de carrière et crée parallèlement trois nouveaux échelons en fin de grille.

Et pour cause, aussitôt appliquée, celle-ci a suscité la colère de plusieurs syndicats qui évoquent un « enfumage » pénalisant notamment les PH en fin de carrière. Certains sont même en grève illimitée depuis le 11 janvier dernier pour dénoncer la perte de 4 ans d'ancienneté liée aux conditions de reclassement dans la nouvelle grille.

Mauvaise foi

Face à ces critiques, Olivier Véran a assumé et invoqué la mauvaise foi de certains syndicats. « Il y a à la fois de l'incompréhension et la volonté manifeste de transmettre une mauvaise information par certains non-signataires du Ségur », a-t-il lâché devant les sénateurs. Pour lui, une chose est claire : « Aucun médecin de l'hôpital public n'a perdu en ancienneté, en salaire ou en retraite. »

Mieux, grâce à la nouvelle grille et à la revalorisation de l'indemnité d'engagement de service public exclusif (IESPE), « un couple de médecins praticiens hospitaliers qui a mon âge (41 ans, N.D.L.R.) et qui travaille à l'hôpital public gagne, à deux, 10 000 euros net de plus par an », a illustré par l'exemple Olivier Véran. Et le locataire de Ségur d'ajouter : « J'ai discuté hier avec un couple de praticiens hospitaliers qui me disait que cela avait changé leur vie car ils ont fait le calcul sur 25 ans, cela fait 250 000 euros, ils ont pu acheter une petite résidence pas très loin de la mer. »

Satisfecit

Durant le reste de son audition, Olivier Véran a défendu avec ferveur les acquis du Ségur de la santé. Les revalorisations salariales ? « Hors normes ». Les 19 milliards d'euros d'investissement et de reprise de dette ? « Du jamais vu ». La médicalisation de la gouvernance ? Un chantier « très attendu », s'est félicité le locataire de Ségur. Alors que certains syndicats ont encore défilé dans la rue la semaine passée estimant les accords toujours insuffisants, Olivier Véran a assuré avoir conservé le soutien des organisations signataires. « Aucune des centrales n'a exprimé le moindre regret, a-t-il affirmé, les accords majoritaires s'ils devaient être signés un an après, le seraient toujours ».

Le neurologue a aussi répondu aux différents corps de métier qui ne bénéficient pas des revalorisations et qui, pour certains, se disent « oubliés du Ségur ». « Je comprends parfaitement ces revendications mais on ne peut pas taxer le Ségur d'avoir oublié des gens alors qu'il a englobé beaucoup plus de personnes que ce qui était prévu initialement », a avancé le ministre. Aujourd'hui, « on n'est pas loin des 2 millions de bénéficiaires du Ségur ». Outre l'élargissement du périmètre, Olivier Véran a aussi vanté le calendrier des promesses qu'il a tenu. « Nous n'avons pris de retard dans aucun des domaines pour lesquels nous nous étions engagés », a-t-il déclaré.


Source : lequotidiendumedecin.fr