AZF, 13 novembre, Nice : les pistes pour améliorer l'accompagnement psychologique des victimes

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Publié le 24/01/2017
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Crédit photo : S. TOUBON

Alors que le troisième procès AZF s'ouvre ce 24 janvier, le Pr Jean-Philippe Raynaud, chef du service Psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à l'hôpital La Grave à Toulouse est revenu sur la prise en charge et l'accompagnement des enfants victimes directes et directes de la catastrophe, à l'occasion d'une table ronde* organisée par Juliette Méadel, secrétaire d'État chargée de l'Aide aux victimes.

Première leçon : cellules d'urgences médico-psychologiques, psychiatres, pédopsychiatres, « nous devons collaborer et être solidaires. Il y a 16 ans, c'était difficile de l'accepter. Depuis, on s'entraîne », a-t-il témoigné, évoquant les exercices grandeur nature, ou encore des collaborations entre pédopsychiatres et CUMP pour former les personnels des centres médico-psychologiques.

L'alliance des univers de la pédopsychiatrie et des CUMP est aussi une nécessité aux yeux du Pr Thierry Baubet, chef de service de psychopathologie à l'hôpital Avicenne (AP-HP), chercheur INSERM et responsable de la cellule d'urgence médico-psychologique (CUMP) de Seine-Saint-Denis. Et d'inviter les pédopsychiatres à entrer dans les CUMP, tout en défendant la valorisation de ces participations.

Une prise en charge élargie aux familles et aux soignants

Deuxième leçon, le Pr Raynaud a insisté sur une double prise en charge, des enfants, mais aussi des parents et des familles élargies, ce qui suppose de travailler avec les psychiatres adultes, « dans l'urgence, mais aussi dans l'après-coup », a-t-il souligné. Une donnée qui a depuis été mise en application. Ainsi, dans une Nice meurtrie par l'attentat du 14 juillet, la CUMP pédiatrique, mise en place du 15 au 28 juillet, a reçu 708 victimes dont 382 enfants (âgés pour la plupart de 6 à 8 ans) et des familles entières (81 mères, 36 pères, 6 grands-parents, 13 cousins, etc), a expliqué au cours de cette même table ronde le Pr Florence Askenazy, cheffe du service Psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent du CHU Lenval.

Autre enseignement, la nécessité de prendre soin des soignants, a souligné le Pr Raynaud. À Nice, 81 soignants ont été vus en groupes de débriefing en juillet 2016, car beaucoup de jeunes infirmiers se sont retrouvés, sans y être préparés, à accueillir les victimes de la promenade des Anglais.

Enfin le Pr Raynaud a plaidé pour davantage de recherche. Un premier programme hospitalier a confirmé le rôle protecteur des familles, tandis qu'un second a donné naissance à des échelles permettant d'évaluer la dissociation péritraumatique et ainsi repérer les familles à soutenir. Même plaidoyer pour la recherche à Nice. Le Pr Askenazy propose de mener une recherche clinique, de cohorte, pour analyser les effets sur la mémoire individuelle et collective, et les psychopathologies des enfants de Nice.

Lumière sur la pédopsychiatre

La pédopsychiatrie sort peu à peu de l'ombre, ont souligné tous les intervenants, à commencer par la secrétaire d'État. Elle a notamment demandé que le centre de ressources et de résilience, porté par Françoise Rudetksi, intègre un département de pédopsychiatrie.

En outre, le sénateur et médecin Michel Amiel, qui a lancé fin 2016 une mission sénatoriale sur la pédopsychiatrie, a fait part de sa volonté « d'interpeller et de faire avancer les choses ». Un rapport devrait être rendu en avril.

*Un cycle de trois tables rondes a été mis en place : la première en décembre a abordé la prise en charge des traumatismes, la troisième en mars portera sur l'offre de soins psy. 


Source : lequotidiendumedecin.fr