Déserts médicaux : malgré l'impatience des citoyens, Anne Hidalgo refuse « la coercition » à l'installation

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Publié le 19/01/2022
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Crédit photo : Phanie

« Mesdames Messieurs les candidats à l’élection présidentielle, que ferez-vous pour lutter contre les déserts médicaux ? » Dans une lettre ouverte aux candidats à l'élection présidentielle, l'Association de citoyens contre les déserts médicaux (ACCDM), créée en Mayenne en 2016, alerte sur la situation sanitaire dans de nombreux territoires, jugée catastrophique. « Neuf millions de Français n’ont pas de médecin traitant et vivent dans des déserts médicaux, là où l’espérance de vie est raccourcie, là où des cancers ne sont pas dépistés ou trop tardivement, là où des maladies chroniques s’installent et ne sont pas surveillées et là, où en nuit profonde, les secours arrivent parfois trop tard », peut-on lire dans ce courrier.

Sortir du statu quo

Faut-il remettre en cause la liberté totale d'installation ? Ce mercredi, lors d'une rencontre organisée par l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis), Anne Hidalgo, interrogée par « Le Quotidien », a d'abord pris soin de se démarquer de la proposition loi musclée du groupe socialiste, portée par le député de la Mayenne, Guillaume Garot et examinée jeudi dans l'Hémicycle. Cet élu, avec d'autres, réclame une régulation de l’installation des médecins libéraux pour lutter contre les déserts médicaux. « Je ne rentrerai pas dans ce sujet de façon coercitive. Je ne crois pas que l'obligation soit la bonne formule », a-t-elle écarté. 

Pour autant, la maire de Paris n'écarte pas totalement le principe d'un conventionnement sélectif en zone surdotée, à raison d'un départ pour une arrivée. Une solution médiane que la candidate socialiste imagine pour « sortir du statu quo », après concertation avec les professionnels, si elle est élue à l'Élysée. 

Mais la candidate socialiste mise plutôt sur l'hôpital public qui doit être « le navire amiral, président dans tous les territoires ». « Il doit être doté de moyens pour pouvoir fonctionner et être le point d'appui d'un système de santé, dans lequel il y a la médecine libérale et les cliniques privées qui entourent cet hôpital. S'il ferme, cela ne va pas résoudre le problème d'installation des médecins libéraux autour ! » Et pour en finir avec la logique de « l'hôpital-entreprise », Anne Hidalgo veut mettre un terme à la gestion comptable des dépenses de santé incarnée à ses yeux par l'objectif national de dépenses d'assurance-maladie (Ondam). À rebours de cette approche budgétaire, « il faut partir des besoins de santé et d’une meilleure organisation de santé », a-t-elle suggéré.

Des jeunes médecins assistants payés 3 500 euros

Elle souhaite aussi mettre en place, à la fin du parcours des internes en médecine générale, une année de « professionnalisation », à la place de la quatrième année d'internat dans les tuyaux. Les internes auraient le statut de « médecin assistant » avec une rémunération « équivalente au double d’aujourd’hui », soit environ 3 500 euros par mois. « Cette année de professionnalisation sera donc mieux payée, accompagnée par les départements en termes de logements et encadrée par des médecins maîtres de stage », a-t-elle ajouté. De cette façon, « on pourrait avoir dès 2022 4 000 internes dans les territoires ». « Cette mesure serait acceptable par les futurs médecins », a-t-elle soutenu.

Anne Hidalgo promet également de former « 15 000 nouveaux médecins » par an, en accroissant les capacités d'accueil des facultés de médecine. Un chiffre à comparer aux quelque 10 600 étudiants qui ont intégré cette année la deuxième année de médecine, après une augmentation de 14 % des effectifs.


Source : lequotidiendumedecin.fr