Longtemps, « exercer avec son conjoint » a eu en médecine une signification bien particulière : un médecin libéral de sexe masculin confiait à son épouse (mère au foyer comme il se doit) tout ou partie de ses tâches administratives, de son secrétariat, voire de son ménage. Mais avec la féminisation de la profession, les choses ont bien changé : les médecins qui exercent avec leur conjoint sont désormais bien souvent leur associé (ou leur associée).
Car si toutes les professions ont une certaine tendance à l’endogamie, la médecine affiche en la matière des chiffres impressionnants. D’après une enquête, certes ancienne, de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees, ministère de la Santé), 22 % des praticiens français étaient en 2004 en couple avec un autre médecin. Une tendance plus marquée chez les salariés (26 %) que chez les libéraux spécialistes (23 %) ou généralistes (17 %).
Que des avantages
Certes, être en couple avec un médecin ne signifie pas forcément que l’on a posé sa plaque à côté de la sienne. Bien des médecins libéraux vivent avec un ou une PH, par exemple. Mais l’association de médecins en couple est relativement fréquent, et les généralistes qui sont dans cette situation en tirent un bilan très positif. « Je ne vois que des avantages », témoigne par exemple le Dr Marc Ottaviani, installé en Seine-Maritime avec son épouse. « C’est un plus d’avoir un associé avec lequel on partage davantage de choses qu’avec un simple associé », confirme le Dr Bertrand Legrand, généraliste (par ailleurs responsable syndical CSMF) qui partage son cabinet du Nord avec sa femme.
Le Normand et le Nordiste remarquent tous les deux que le partage du travail se fait plus facilement avec un associé avec lequel on vit. « Nous sommes complémentaires, je vois beaucoup de personnes d’un certain âge avec des gros dossiers polypathologiques, tandis que mon épouse fait beaucoup de gynécologie », témoigne Marc Ottaviani. « C’est bien simple, je ne vois presque jamais plus une femme en âge de procréer. » Même division du travail entre Bertrand Legrand et son épouse. « La gynécologie, c’est pour elle », résume-t-il.
Et pour les vacances, on fait comment ?
Les deux généralistes apprécient également le fait de pouvoir discuter d’un cas difficile le soir, une fois la porte du cabinet refermée. Mais ils pointent aussi un inconvénient : les vacances. Car il faut alors chercher non pas un, mais deux remplaçants. « Jusque récemment, nous avions beaucoup de mal à en trouver, d’autant plus que nous partions pendant les vacances scolaires », explique Marc Ottaviani. Un problème qui a perdu de son acuité depuis que les enfants du couple sont plus grands.
Bertrand Legrand et son épouse ont également connu cette difficulté, mais ils l’ont résolue d’une toute autre manière. « C’était compliqué de partir en vacances quand nous avions encore des remplaçants, mais maintenant, c’est tout simple : on ferme le cabinet », explique le praticien qui justifie cette décision par l’insécurité qui règne dans son secteur.
Partage de patients
Côté administratif, Marc Ottaviani, Bertrand Legrand et leurs épouses ont choisi d’en rester à l’une des formes d’association les plus simples, la Société civile de moyens (SCM). Ce qui ne les empêche pas de travailler en commun. « Nous partageons les dossiers, nous pouvons nous donner des avis réciproques », se réjouit le Normand. Bertrand Legrand et sa femme travaillent quant à eux en patientèle commune, ce qui signifie que « les patients peuvent être indifféremment vus par l’un ou par l’autre », explique le Nordiste. Ce mode de fonctionnement ne signifie d’ailleurs pas qu’il passe beaucoup plus de temps avec sa moitié. « Je ne la vois jamais pendant la journée », sourit-il.
Reste que l’exercice en couple semble, du moins dans les cas de ces quatre médecins, s’inscrire dans le cadre plus large de l’exercice en famille. Bertrand Legrand a en effet pris la succession de son père, avec lequel il a travaillé pendant plusieurs années. Quant à Marc Ottaviani et son épouse, ils ont deux enfants, tous deux en médecine. Relève assurée pour le cabinet ?
AR
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