Navigation dans l’hormonophobie

L’année contraception

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Publié le 24/06/2022
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Suspension du dispositif Ballerine, prolongation de l’indication de certains DIU jusqu’à six ans : retour sur les nouveautés de la contraception.
Il est vivement conseillé de bien compter le nombre de billes de cuivre lors du retrait du Ballerine

Il est vivement conseillé de bien compter le nombre de billes de cuivre lors du retrait du Ballerine
Crédit photo : DR

« On assiste à une modification du profil de la contraception, avec beaucoup d’angoisse des femmes vis-à-vis des hormones. Il y a sur les réseaux une diabolisation des pilules contraceptives en raison des risques thrombotiques veineux ou de cancer, pourtant très faibles. Les DIU au cuivre sont plus rassurants pour de nombreuses jeunes femmes qui cherchent une alternative à la pilule », explique le Dr Geoffroy Robin (CHRU de Lille).

Toutefois, depuis quelques mois, le modèle Ballerine (CCD), un DIU au cuivre formé d’un enchaînement de petites sphères de cuivre, très facile à poser, est suspendu du marquage CE, jusqu’à nouvel ordre, en raison des résultats non satisfaisants de l’évaluation du dispositif. Des femmes ont signalé des expulsions spontanées et des perforations, associées ou non à des grossesses. « Mais peut-être y a-t-il un biais dans ces signalements, les femmes ayant payé cher ce stérilet, qui n’est pas remboursé, elles sont potentiellement très exigeantes… La réévaluation est en cours », précise le Dr Robin.

Pour les femmes déjà porteuses du DIU Ballerine, il est recommandé de vérifier qu’il est toujours bien en place au moyen d’une échographie 3D, si possible. Au moment du retrait, il est vivement conseillé de bien compter le nombre de billes de cuivre.

Autre évolution à noter : les dispositifs intra-utérins (DIU) hormonaux, les plus dosés en lévonorgestrel (52 mg) — Mirena (Bayer) et son biosimilaire Donasert (Gedeon Richter) — restent efficaces sur le plan contraceptif jusqu’à six ans après leur insertion, comme l’ont montré les études les plus récentes, qui ont permis une modification de leur AMM.

Une nouvelle pilule contraceptive renfermant un estrogène naturel (estetrol), en association avec la drospirénone, semble présenter de nombreux avantages, avec un profil d’effets secondaires amélioré par rapport aux estrogènes actuels. L’estetrol est un estrogène naturellement produit pendant la grossesse par le foie fœtal. Cette pilule présenterait une très bonne tolérance endométriale, avec notamment peu de métrorragies. Il semble également qu’elle ait très peu d’impact sur les facteurs de la coagulation, mais ce bénéfice, théorique, reste à confirmer dans de plus grandes études évaluant l’incidence des évènements cliniques cardiovasculaires chez les utilisatrices.

Par son profil pharmacocinétique et sa tolérance, l’estetrol pourrait avoir d’autres applications thérapeutiques (traitement hormonal de la ménopause, cancers hormonodépendants…).

Exergue : « Il y a toujours une diabolisation des pilules contraceptives sur les réseaux sociaux »

Entretien avec le Dr Geoffroy Robin, CHRU de Lille

Dr Christine Fallet

Source : lequotidiendumedecin.fr