L'association Respire dépose un recours contre la décision de réouverture de Lubrizol

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Publié le 13/01/2020
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Crédit photo : AFP

L’association Rouen Respire vient de déposer un recours devant le tribunal administratif de Rouen pour suspendre l'arrêté préfectoral du 24 juillet 2019 autorisant le redémarrage de l’usine Lubrizol. C'est l'avocate de l'association et ancienne ministre de l'environnement Corinne Lepage, qui doit déposer cette demande de suspension par référé afin d’obtenir l’arrêt immédiat de l’activité sur le site.

Si elle est effective, cette suspension de l'activité doit permettre de laisser le temps de juger sur le fond une autre demande déposée par l'association en décembre dernier par l'association, demandant cette fois l'annulation pure et simple de l'arrêté autorisant la remise en marche partielle de l'usine.

« On ne connaît toujours pas les causes de l'incendie »

L’association Rouen Respire estime que ce redémarrage partiel de l'usine ne prend pas en compte un certain nombre d'irrégularités. « On ne connaît toujours pas les causes de l'incendie », rappelle Olivier Blond, président de l'association Respire, qui rappelle que les entreprises impliquées dans le sinistre, Lubrizol et Normandie Logistique, ont été mises en demeure par la préfecture en septembre de mettre en conformité leur plan incendie et le système de confinement des eaux.

Les autorités avaient notamment constaté que le plan de défense incendie était incomplet et ne prenait pas en compte les fûts stockés à l’extérieur. Le plan d'opération interne ne contenait en outre pas des éléments permettant la mesure immédiate des polluants en cas d’accident. Des études de danger incomplètes, une absence de système de détection incendie dans les sites de stockage extérieur et des dispositifs de confinement des eaux d’extinction du site sous-dimensionnées viennent compléter ce tableau peu flatteur.

« La préfecture n'a pas pris la peine de s'assurer que ces changements ont bien été faits », note Olivier Blond.

Des dispositifs qui ne rassurent pas

En 2013, une importante fuite de mercaptan avait déjà alerté les riverains et conduit à une condamnation de l'entreprise à 4 000 euros d'amende en avril 2014. En 2015, ce sont 2 000 litres d'huile minérale qui se sont déversés dans le réseau d'évacuation des eaux pluviales.

Ces incidents « n'ont pas été évités par les dispositifs existants », rappelle Olivier Blond avec l'approbation de la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL) et le conseil départemental de l'environnement et des risques (CODERST). Ces derniers n'ont pu constater qu'a posteriori les anomalies. « Dans ces circonstances, que l'autorisation de redémarrage ait reçu l'approbation de ces 2 instances sans que leur avis ne soit publié n'est pas suffisant pour rassurer les riverains », juge Olivier Blond.

Au-delà des questions de droit, « c'est tout le dispositif préfectoral d’alerte et de protection qui doit être revu ! », poursuit Olivier Leblond. Deux commissions parlementaires, l'une diligentée par le Sénat, l’autre par l’Assemblée nationale, étudient actuellement ces dysfonctionnements et devraient faire des recommandations. « Le minimum aurait été d'attendre que ces rapports soient publiés avant de redémarrer l'usine », s'indigne Olivier Leblond.


Source : lequotidiendumedecin.fr